Le programme présidentiel « 1 étudiant, 1 ordinateur », qui débute officiellement ce 14 octobre 2025, se veut le symbole d’une jeunesse connectée et compétitive. Dix mille ordinateurs doivent être distribués aux étudiants gabonais pour réduire la fracture numérique. L’intention est louable : donner aux jeunes les outils de leur autonomie. Mais comme souvent, les belles annonces laissent un goût d’inachevé puisqu’aucun détail officiel sur le coût global, les critères de sélection, ni la provenance des appareils n’a filtré.

Notre rédaction a donc réalisé sa propre évaluation, faute de données fiables fournies par le gouvernement. En se basant sur les coûts moyens de matériel (300000 à 500000 fcfa l’unité) et les charges d’importation et de logistique, le budget total pourrait osciller entre 3 et 5 milliards fcfa. Un montant significatif pour un pays dont le budget de l’Enseignement supérieur reste sous tension. Or, aucun appel d’offres n’a été rendu public, aucun fournisseur identifié, aucun audit annoncé. Cette absence de transparence demeure une norme en République gabonaise, au point qu’il nous faut désormais évaluer nous-mêmes le coût des projets publics. C’est une dérive démocratique autant qu’un risque budgétaire.

Mais au-delà des chiffres, que valent ces ordinateurs sans électricité fiable, sans connexion Internet stable, ni plan de maintenance ? Dans certaines universités de l’intérieur, les salles sont sans Wi-Fi et les groupes électrogènes à sec. Le risque est que ces outils finissent inutilisés, faute d’un écosystème numérique cohérent. Le numérique semble aujourd’hui n’être qu’une vitrine politique. Ce projet pourrait pourtant être un levier formidable d’inclusion s’il s’accompagne d’un plan de formation, de connectivité et de suivi. Pour l’heure, il risque de n’être qu’un programme d’affichage de plus, dont les étudiants, une fois encore, seront les spectateurs plutôt que les bénéficiaires.