Les exonérations fiscales prévues par la Loi de Finances 2025 concernent principalement l’hôtellerie et l’aménagement urbain. Les entreprises investissant 300 millions de fcfa ou plus bénéficient d’une exonération totale d’impôt sur les sociétés pendant trois ans. Cette mesure, qui vise à stimuler l’investissement, représente un manque à gagner potentiel pour l’État, dont les recettes fiscales sur les sociétés sont estimées à 642 milliards de fcfa en 2025, en baisse de 5% par rapport à 2024.
Si ces exonérations encouragent les grands investissements, elles excluent en grande partie les PME, qui ne bénéficient que d’une exonération limitée à deux années déficitaires. Pourtant, les PME représentent environ 90% du tissu économique gabonais. À titre de comparaison, au Rwanda, les PME peuvent bénéficier d’exonérations sur cinq ans, avec des seuils d’investissement plus bas.
Réduction des recettes fiscales
Ces avantages fiscaux posent plusieurs questions. Tout d’abord, leur impact réel sur l’économie gabonaise n’est pas clairement mesuré. Les exonérations fiscales réduisent directement les recettes de l’État, ce qui limite sa capacité à financer d’autres secteurs. Au Gabon, les pertes fiscales liées aux exonérations sont estimées à plus de 100 milliards de fcfa par an, soit environ 5 % du budget national. Dans un pays où les recettes fiscales reposent fortement sur les ressources pétrolières et minières, une telle réduction des rentrées fiscales peut peser sur l’équilibre budgétaire.
Cette baisse des revenus limite les capacités de financement de secteurs prioritaires comme la santé ou l’éducation. Dans d’autres pays, les exonérations sont souvent conditionnées à des obligations précises, comme la création d’emplois ou l’utilisation de matériaux locaux. En Afrique du Sud, par exemple, les entreprises doivent justifier chaque année des résultats économiques pour conserver leurs avantages fiscaux. Une telle approche permettrait sûrement de mieux encadrer ces dispositifs au Gabon.
Renforcer l’efficacité des exonérations
Pour renforcer l’efficacité des exonérations, l’État pourrait également instaurer un mécanisme de suivi régulier, fixer des objectifs clairs en termes de création d’emplois et réorienter une partie des avantages vers les PME locales. Une gestion plus rigoureuse permettrait d’assurer que ces mesures bénéficient non seulement aux investisseurs, mais aussi au développement économique national.
Alors que les grands projets hôteliers ou immobiliers bénéficient de trois ans d’exonération, les petites entreprises ne disposent que d’une exonération sur deux années déficitaires, et uniquement en cas de pertes. Ce dispositif ne favorise pas la montée en puissance des PME, pourtant essentielles à la diversification économique du pays. Si les exonérations gabonaises visent à attirer des investisseurs étrangers, elles ne garantissent pas nécessairement un impact durable sur l’économie locale. Un suivi plus rigoureux des effets de ces mesures permettrait d’évaluer leur efficacité en termes de création d’emplois, de développement des infrastructures et de contribution à la croissance économique.