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Gabon: 1000 milliards d’actifs et 900 millions de pertes, le FGIS, ce géant de papier

le coup de coeur

Le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) a clôturé l’exercice 2024 sur un paradoxe économique. D’un côté, la valeur de son portefeuille a triplé en un an, passant d’environ 300 milliards à près de 1000 milliards de fcfa. De l’autre, ses comptes affichent une perte nette avoisinant 900 millions de fcfa. Un résultat qui, malgré le discours officiel sur la « phase d’investissement », soulève des interrogations sur la solidité réelle de l’institution et sur sa capacité à transformer cette expansion patrimoniale en bénéfices concrets pour l’économie nationale.

Cette croissance spectaculaire des actifs ne résulte pas uniquement de nouvelles acquisitions financées sur fonds propres, mais en grande partie de transferts patrimoniaux opérés par l’État et de revalorisations comptables. Autrement dit, une partie substantielle de ce portefeuille « gonflé » n’a pas généré de flux financiers réels. Si la photographie du bilan impressionne, elle masque le fait que nombre de ces actifs pourraient être peu liquides, faiblement rentables ou difficilement mobilisables à court terme.

En effet, la perte de 900 millions de fcfa en 2024 prend un relief particulier puisque les revenus tirés de ce portefeuille colossal n’ont pas suffi à couvrir les charges de fonctionnement et les engagements financiers du FGIS. Ce décalage entre puissance affichée et performances réelles rappelle que la valeur comptable d’un actif ne garantit pas sa contribution immédiate à la trésorerie. Les observateurs avertissent qu’un tel écart, répété sur plusieurs exercices, pourrait fragiliser la crédibilité du fonds auprès de ses partenaires et investisseurs.

La gouvernance de l’institution n’échappe pas non plus aux critiques. Trois changements de direction générale en quinze mois ont alimenté un climat d’instabilité, tandis qu’un rapport parlementaire a pointé « des vides juridiques », « une gestion inefficiente » et « une gouvernance opaque » autour de certaines opérations comme l’ont révélé nos confrères de Direct Infos Gabon. À cela s’ajoutent des controverses sur la nomination, fin 2024, de l’actuel directeur général, dont le parcours professionnel comporte des zones d’ombre. Autant d’éléments qui nourrissent le scepticisme sur la capacité du fonds à exécuter une stratégie cohérente et durable.

Officiellement, le FGIS assume cette contre-performance comme le prix à payer pour amorcer une nouvelle phase dans laquelle les investissements massifs dans les secteurs non pétroliers, destinés à diversifier l’économie et à renforcer la souveraineté nationale seront plus importants. Mais pour que cette vision convainque, il faudra que la rentabilité suive. Car dans un contexte de ressources publiques limitées, chaque fcfa investi est attendu au tournant, et la transformation d’un « géant de papier » en acteur économique solide reste un défi de taille. Surtout dans un contexte où 1 fcfa sur 2 ne sert qu’à rembourser la dette. 

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