Le Gabon franchit une étape majeure dans son ambition de moderniser ses infrastructures de transport aérien. Le 4 juillet 2025, la Gabon Special Economic Zone (GSEZ), en charge de la gestion des aéroports nationaux, a signé un accord de financement avec trois établissements bancaires, Afreximbank, BGFIBank Gabon et AFG Bank Cameroun, pour un montant total de 290 millions d’euros, soit environ 190 milliards de fcfa. Cet engagement financier ouvre la voie au lancement des travaux du nouvel aéroport international de Libreville, prévu dans la zone d’Andem.
Ce projet d’envergure vise à pallier les limites structurelles de l’actuel aéroport Léon Mba, dont la capacité d’accueil est désormais jugée insuffisante au regard de l’évolution du trafic. Construit pour accueillir 1,2 million de passagers par an et traiter 40000 tonnes de fret, l’aéroport actuel arrive à saturation. La nouvelle plateforme en projet ambitionne de traiter 2 millions de passagers et jusqu’à 25000 tonnes de fret annuellement, grâce à une piste modernisée et un terminal ultra-moderne de 22500 m², répondant aux standards de l’OACI.
Le montage financier de ce chantier repose essentiellement sur une architecture en trois tranches, libellées à la fois en euros et en fcfa. Afreximbank apportera une enveloppe de 100 millions d’euros, tandis que les deux partenaires sous-régionaux, BGFIBank Gabon et AFG Bank Cameroun, se chargeront de compléter le financement à hauteur de 190 millions d’euros soit près de 125 milliards de fcfa. Ce montage témoigne d’une volonté de mobilisation conjointe des ressources africaines pour des projets structurants, en rupture avec les financements exclusivement occidentaux du passé.
Au-delà des enjeux techniques, ce projet revêt une portée stratégique. Il vise à faire de Libreville un hub régional plus compétitif, apte à attirer davantage de compagnies aériennes et à fluidifier les échanges commerciaux dans la zone CEMAC. L’État gabonais mise notamment sur la hausse du trafic touristique, le développement du fret aérien et une meilleure connectivité avec ses voisins d’Afrique centrale. Cette infrastructure devrait aussi accompagner la montée en puissance des exportations, dans un contexte où le pays enregistre un excédent commercial record de 4090,6 milliards de fcfa fin 2024.
Avec ce financement désormais sécurisé, le gouvernement d’Oligui Nguema envoie un signal fort. Le Gabon entend désormais tourner la page de l’improvisation logistique et inscrire sa croissance dans des infrastructures modernes et pérennes. Le défi, désormais, sera de maîtriser les coûts et les délais de réalisation, tout en garantissant un impact réel sur le développement local et l’emploi. Le chantier d’Andem devient ainsi un test grandeur nature pour la nouvelle doctrine gabonaise en matière de partenariats public-privé et d’aménagement du territoire.
