Le Mobile Money poursuit son expansion au Gabon avec 4,6 millions de comptes enregistrés au premier trimestre 2025 selon la dernière note de conjoncture sectorielle, soit une progression de +24% en un an. Cette croissance illustre l’ancrage de ce mode de paiement dans les habitudes des consommateurs, qui l’utilisent pour les dépôts, retraits, paiements marchands et transferts.
Le volume des opérations reste en hausse, confirmant que la monnaie électronique est devenue un outil incontournable pour les ménages comme pour les petites entreprises. Ce dynamisme traduit également le rôle des opérateurs télécoms qui multiplient les campagnes de promotion et les partenariats avec les commerces de proximité.
Sur le plan financier, le chiffre d’affaires du secteur recule de -1,8% au premier trimestre, mais progresse de +13,7% en glissement annuel. La tendance confirme une hausse structurelle de l’activité, malgré des fluctuations ponctuelles liées à la saisonnalité des opérations. Les revenus générés proviennent principalement des commissions sur les dépôts et retraits, qui représentent l’essentiel du modèle économique. Néanmoins, la baisse temporaire observée ce trimestre traduit une moindre intensité d’utilisation par rapport à la fin d’année 2024, période traditionnellement plus active pour les transactions financières.
Les transactions restent dominées par les dépôts et retraits, qui constituent plus de la moitié des flux. Les paiements marchands continuent d’augmenter, traduisant une pénétration plus forte dans le commerce local et une adoption progressive par les grandes surfaces. Les transferts internationaux, bien que représentant encore une part marginale, enregistrent une croissance notable, reflétant l’intégration régionale croissante des services financiers numériques. L’essor de ces flux transfrontaliers constitue un indicateur encourageant pour l’avenir du secteur, qui pourrait ainsi diversifier ses sources de revenus.
Ce déséquilibre explique pourquoi la rentabilité du Mobile Money reste fragile malgré son expansion. Le coût des infrastructures technologiques, combiné à la forte concurrence entre opérateurs, limite encore les marges. De plus, les frais appliqués aux clients demeurent un sujet sensible, avec une pression sociale et réglementaire pour les maintenir à un niveau bas. L’écart croissant entre l’explosion du nombre de comptes et la progression des revenus met toutefois en évidence une croissance plus quantitative que qualitative, posant la question de la soutenabilité à moyen terme.