Le gouvernement gabonais prévoit de consacrer 960 milliards de fcfa à la rémunération de ses agents publics en 2026, selon le Projet de Loi de Finances. Un montant record et en hausse de 240 milliards de fcfa par rapport à 2025 (+33%). Mais malgré cet effort colossal, aucune revalorisation du salaire de base n’est prévue. Le pouvoir d’achat des fonctionnaires, lui, continue de s’éroder.

Cette enveloppe absorbe désormais plus de 42% des recettes fiscales de l’État et près du quart du budget total. En comparaison, le Gabon dépense deux fois plus pour sa masse salariale que pour l’ensemble de ses dépenses d’investissement public. Un déséquilibre structurel qui traduit la rigidité de la dépense publique et la faible productivité du secteur administratif.

Le détail du budget montre que la hausse vient principalement des primes et avantages catégoriels, des intégrations dans la fonction publique et de la régularisation d’arriérés salariaux. Mais le salaire de base, resté inchangé depuis plus d’une décennie, ne bouge pas. Dans un contexte d’inflation annuelle estimée à 4,5%, le revenu réel des fonctionnaires continue de se dégrader.

Pour les observateurs, la situation devient intenable. Le gouvernement augmente la masse, pas les salaires. Une inflation silencieuse qui pousse de nombreux agents à s’endetter ou à cumuler les petits emplois. Selon les projections du Trésor, le salaire moyen d’un fonctionnaire perdra près de 3% de pouvoir d’achat réel en 2026.

Le gouvernement défend une logique de “maîtrise des équilibres”. Mais derrière la prudence budgétaire, la réalité est plutôt politique : la masse salariale explose sans récompenser les travailleurs. Le Gabon consacre près d’un milliard de francs cfa par jour à payer des salaires… sans revaloriser le travail.