Entre 2021 et 2023, l’Afrique a importé 97 milliards de dollars de produits alimentaires, selon les chiffres internationaux repris dans les rapports notamment celui de la CNUCED. Cette facture gigantesque reflète une dépendance continentale inquiétante. Mais le cas du Gabon est encore plus extrême : le pays importe environ 85% de ce qu’il consomme, un record dans la sous-région. Cette vulnérabilité structurelle expose l’économie aux fluctuations mondiales des prix, aux crises logistiques et aux tensions géopolitiques.
L’agriculture locale n’a pas encore atteint un niveau suffisant pour inverser cette tendance. Les rendements restent faibles, les surfaces exploitées limitées, et les investissements insuffisants. Lorsqu’un pays importe autant, il perd un levier essentiel : la capacité à stabiliser ses prix internes. Chaque hausse du prix du blé, du riz ou du fret maritime se répercute directement dans les marchés gabonais. C’est l’une des raisons pour lesquelles la consommation des ménages s’est contractée depuis 2016.
Une transformation agroalimentaire est quasi inexistante
De récents rapports notamment celui de la Banque mondiale et celui du ministère de la planification intitulé Gabon prospective 2050, soulignent aussi que la transformation agroalimentaire est quasi inexistante, ce qui aggrave la dépendance. Même les produits disponibles localement sont souvent envoyés bruts vers les marchés, sans ajout de valeur. Le pays importe ensuite des produits transformés à prix élevés. Ce cercle destructeur siphonne le pouvoir d’achat, fragilise les commerces locaux et empêche la création de filières industrielles solides.
Pour sortir du piège alimentaire, le Gabon doit massivement investir dans l’agriculture, la logistique agro-industrielle et la transformation locale, rappelle la Banque Mondiale. Si des initiatives comme celles de la Société d’Agriculture et d’Elevage du Gabon (SAEG) dont la mission est d’augmenter la contribution de l’agriculture à la richesse nationale sont à saluer, sans une base productive solide, aucune politique de souveraineté alimentaire ne pourra réussir. Le pays ne peut pas rester structurellement dépendant à 85% dans un continent qui importe déjà 97 milliards de dollars de nourriture. La sécurité alimentaire est désormais un enjeu économique majeur.








