Le déplacement du président de la Transition à Tchibanga pour la fête de la Libération n’avait rien d’anodin. En choisissant de lancer un projet industriel majeur en plein cœur de la Nyanga, Brice Clotaire Oligui Nguéma a adressé un message politique fort. Pour lui, le développement du Gabon ne peut plus être pensé uniquement depuis Libreville et Port-Gentil. Ce geste traduit une volonté de redistribuer les opportunités économiques et de faire émerger, en province, de véritables relais de croissance capables de soutenir la dynamique nationale.
Tchibanga, longtemps confinée au rôle secondaire de chef-lieu administratif, voit s’ouvrir un nouveau chapitre avec la création d’une exploitation de marbre. Les retombées attendues en matière d’emplois, de formation et de circulation des richesses pourraient profondément changer le quotidien des populations. L’initiative vise à corriger une fracture historique où la centralisation a concentré infrastructures, investissements et services dans la capitale, au détriment des provinces. Oligui Nguéma veut désormais faire de Tchibanga un exemple de ce que pourrait être une province qui prend en main son destin.
La transformation économique induite par ce projet dépasse la seule logique de l’exploitation de ressources. Elle entraîne la nécessité de renforcer les routes, de fiabiliser l’approvisionnement énergétique et d’améliorer les services sociaux. Autrement dit, le développement local se décline en un ensemble d’actions convergentes qui contribuent à bâtir une économie de proximité. L’émergence de ce pôle régional, pensé comme complémentaire et non subordonné à la capitale, participe à l’équilibre territorial et réduit la dépendance des populations envers Libreville.
En dotant les provinces d’outils économiques concrets, il cherche à rapprocher l’État des citoyens et à démontrer que la croissance peut être partagée. La jeunesse de la Nyanga, longtemps confrontée au chômage et à l’exode, devient ici une actrice centrale, invitée à participer à la construction d’un nouveau modèle de développement. La prospérité peut désormais s’écrire aussi loin de la capitale pourrait-on dire. Mais cette dynamique devra se confirmer dans le temps.
Le succès de Tchibanga repose sur la capacité du gouvernement à répliquer ce type d’initiative dans d’autres provinces et à en assurer la durabilité. Une décentralisation renforcée ne saurait être une promesse ponctuelle, mais un processus structuré, accompagné de politiques publiques claires. Si cette trajectoire est respectée, la Nyanga pourrait bien devenir l’un des premiers territoires à incarner un Gabon rééquilibré, où chaque province trouve sa place dans l’édifice national.