Guy Bertrand Mapangou, ancien ministre et figure emblématique de la politique gabonaise, a décidé de tourner le dos au Parti démocratique gabonais (PDG), un parti qu’il a pourtant contribué à bâtir et où il a forgé sa carrière politique. Ce geste marquant, signe d’un profond désaveu, intervient alors que le PDG, à l’agonie, est totalement vomi par les Gabonais, laissant un vide politique que Mapangou, Alain-Claude Bilie-By-Nze Nze et les autres nouvelles figures politiques entendent bien combler.

PDG, symbole de l’immobilisme ?

Après avoir été l’un des fers de lance du PDG, Guy Bertrand Mapangou s’est progressivement détaché d’un parti devenu à ses yeux le symbole de l’immobilisme et de la déconnexion avec les réalités du peuple gabonais. L’homme, dont la carrière a été intimement liée à ce parti, a vu son parcours devenir une série de tentatives infructueuses pour redynamiser le PDG. L’Alliance pour la refondation (APR), qu’il avait fondée dans l’espoir d’opérer une réforme interne, a été vite étouffée par la mainmise du régime d’Ali Bongo, incarnée par Brice Laccruche Alihanga, alors directeur de cabinet. Une tentative de rénovation avortée, qui n’a fait que souligner l’impossibilité de réformer le PDG de l’intérieur.

Naissance du mouvement « Le Rassemblement »

Dans ce contexte, Mapangou, de plus en plus marginalisé, a exprimé son profond mécontentement : « Le PDG est devenu l’otage de nouveaux maîtres immatures », dénonçant le fossé grandissant entre les élites et les citoyens. Ce constat, sans appel, a précipité sa décision de quitter un navire en perdition et d’entamer une nouvelle aventure politique. Guy Bertrand Mapangou a décidé de fonder son propre mouvement politique, « Le Rassemblement », qu’il présente comme une alternative à l’impasse actuelle. 

Une plateforme inclusive

Son objectif est de fédérer les Gabonais autour d’un projet commun, en dehors des clivages traditionnels entre droite et gauche. « Le Rassemblement » se veut une plateforme inclusive, réunissant anciens membres du PDG, figures de l’opposition et personnalités indépendantes, dans un esprit de dialogue et de collaboration. Dans le cadre des réformes initiées par le Comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI), Mapangou veut incarner une voix nouvelle, portée par l’idée d’un Gabon réconcilié et tourné vers l’avenir. 

Un défi de taille pour ce « déserteur » de plus 

La tâche s’annonce ardue pour Guy Bertrand Mapangou qui n’est pas le premier pédégiste à quitter le bateau depuis la chute du régime d’Ali Bongo. Le dernier en date est Alain-Claude Bilie-By-Nze. Ainsi, réconcilier des acteurs politiques issus de bords opposés, qui ont nourri pendant des années des antagonismes, relève d’un défi considérable. Dans un climat où les ambitions personnelles sont souvent plus fortes que l’intérêt général, Mapangou devra faire preuve d’une grande habileté pour dépasser ces divisions et incarner le leader d’un renouveau.

En s’alignant sur les réformes du CTRI qui réussi le pari de faire voter la nouvelle constitution par référendum pour la première fois dans l’histoire du Gabon, Mapangou pourrait devenir un acteur clé de la transition politique. Mais, son succès dépendra de sa capacité à unir et à dépasser les querelles du passé. Surtout quand on sait le mal que son ancien parti le PDG a fait à ce pays. Wait and see.