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Gabon : après la mercuriale, des exonérations fiscales contre la vie chère, mais pour quels résultats ?

le coup de coeur

Face à la hausse persistante des prix, le conseil des ministres a adopté ce vendredi 20 juin une mesure d’urgence : suspendre pour six mois les droits et taxes à l’importation sur les produits alimentaires de première nécessité, dans les communes de Libreville, Akanda, Owendo et Ntoum. Seuls les opérateurs titulaires d’un « Agrément Vie Chère » sont concernés. Parallèlement, la TVA est suspendue sur certains matériaux de construction, pour soulager indirectement les ménages.

Outil de soutien au pouvoir d’achat

Mais cette mesure, présentée comme un outil de soutien au pouvoir d’achat, laisse en réalité beaucoup de zones d’ombre. Énormément de doutes sur le plan opérationnel. D’abord, elle est géographiquement limitée, ce qui laisse de côté une large part de la population vivant à l’intérieur du pays, où les prix sont encore plus élevés en raison de la logistique défaillante. Ensuite, la sélection des opérateurs agréés pose question : quels sont les critères d’attribution ? Existe-t-il un mécanisme de contrôle pour éviter les effets d’aubaine ?

Rien ne garantit aujourd’hui que la baisse des taxes se traduira par une baisse effective des prix en rayon. Le Gabon a déjà expérimenté dans le passé des exonérations non répercutées, captées par les marges des importateurs ou détournées en toute impunité. L’absence de surveillance rigoureuse et de transparence dans la chaîne de distribution affaiblit considérablement l’impact de cette mesure.

Dépendance a un modèle d’approvisionnement extérieur

De plus, en agissant uniquement sur l’importation, l’État confirme sa dépendance à un modèle d’approvisionnement extérieur, au lieu de s’attaquer aux causes structurelles de la vie chère : manque de production locale, faiblesse des circuits de distribution, et spéculation sur les prix. La suspension des taxes n’est, on le rappelle, qu’un pansement sur une plaie économique plus profonde.

Si cette mesure permet un allègement temporaire pour les consommateurs urbains, elle n’offre aucune solution durable. Au contraire, elle devrait enrichir un peu plus certains opérateurs économiques qui au final devraient comme à leur habitude, s’essayer à la spéculation au terme de la durée de l’exonération. La lutte contre la vie chère ne se décrète pas par arrêtés, elle se construit par une politique de production nationale ambitieuse, une logistique modernisée et une régulation efficace des pratiques commerciales. Faut-il vraiment le rappeler?

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