Sans faire trop de bruit, BW Energy est en train de devenir l’un des poids lourds de l’offshore gabonais. En avance sur la publication de ses résultats financiers prévue pour le 1er août 2025, la junior norvégienne a levé un coin du voile sur ses performances opérationnelles au deuxième trimestre. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 2,9 millions de barils extraits entre avril et juin 2025, 2,4 millions proviennent du seul permis de Dusafu, situé au large du Gabon. Soit plus de 82% de sa production globale, une domination qui en dit long sur l’importance stratégique de ce permis dans son portefeuille.

Dusafu : une zone prolifique

Avec une moyenne de 32 300 barils par jour, Dusafu s’impose trimestre après trimestre comme l’une des zones les plus prolifiques du bassin sédimentaire gabonais. Et derrière cette cadence soutenue, une donnée pèse lourd : BW Energy détient une participation directe de 73,5% sur le permis, ce qui lui assure un levier de contrôle exceptionnel sur l’exploitation. Pendant que l’attention publique se focalise sur les majors et les projets de grande envergure, la compagnie trace discrètement sa route, optimisant puits après puits, avec une efficacité quasi industrielle. À ce rythme, Dusafu est bien parti pour devenir une vache à lait durable.

Transparence sur les retombées locales

Cette performance s’inscrit dans un contexte où le Gabon cherche à relancer l’investissement pétrolier sans compromettre sa souveraineté sur les ressources naturelles. Mais entre les mains d’un opérateur majoritaire, la ligne entre partenariat stratégique et dépendance productive devient floue. BW Energy ne se contente pas de produire, elle dicte le tempo, structure la chaîne de valeur, influence les choix techniques. Et la transparence sur les retombées locales reste souvent limitée. Combien de cette manne revient réellement à l’État ? Combien est réinjecté dans les infrastructures ou les emplois locaux ? Le gouvernement y répondra officiellement à travers les rapports des entités dédiées.

BW Energy : incontournable dans l’écosystème

La question de l’empreinte financière du groupe reste en suspens. Les résultats détaillés attendus début août permettront d’apprécier si la solidité opérationnelle observée à Dusafu se traduit aussi en performance économique. Mais une chose est sûre : BW Energy est aujourd’hui incontournable dans l’écosystème pétrolier gabonais, avec une empreinte qui dépasse largement son gabarit de “junior”. Une trajectoire que beaucoup d’observateurs n’avaient pas anticipée, tant la compagnie semblait évoluer dans l’ombre des grands noms du secteur.

Stratégie pétrolière du Gabon

Le cas Dusafu invite aussi à une réflexion plus large sur la stratégie pétrolière du Gabon. Faut-il encore multiplier les permis au profit d’opérateurs dominants ? Ou est-il temps de revoir les termes des contrats pour garantir un meilleur équilibre entre production, fiscalité et retombées locales ? À 2,4 millions de barils le trimestre, le sous-sol gabonais mérite mieux qu’un simple rôle de fournisseur passif. Reste à savoir qui osera remettre la question sur la table.