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Gabon : avec sa centrale d’achat annoncée, l’Etat veut-il devenir grossiste?

le coup de coeur

Face à la flambée continue des prix des produits alimentaires de première nécessité, le gouvernement gabonais envisage de relancer une centrale d’achats publique. Cette structure aurait pour mission d’importer en gros des produits comme le riz, le sucre, l’huile, les sardines ou le lait, afin de les revendre à prix contrôlés. Derrière cette initiative se cache un retour aux politiques d’intervention directe de l’État, déjà expérimentées, et souvent ratées, notamment dans les années 1980.

À cette époque, plusieurs organismes publics comme la Société gabonaise de distribution (SOGADIS) ou encore l’Office gabonais des approvisionnements  (OGA) avaient pour rôle d’importer et de distribuer des denrées à prix subventionnés. Mais ces structures ont souffert d’une gestion opaque, de détournements massifs, de stockage défaillant et d’une concurrence déloyale avec les commerçants privés. La disparition progressive de ces entités avait été perçue comme une étape vers la libéralisation de l’économie.

Aujourd’hui, la réapparition d’une centrale d’achats s’inscrit dans un contexte politique particulier, où les autorités veulent montrer qu’elles luttent activement contre la vie chère. Mais au lieu de poser les vrais diagnostics sur les causes structurelles – comme la dépendance excessive aux importations, les marges élevées des distributeurs, ou le manque de soutien aux producteurs locaux – on préfère revenir à des solutions administratives qui ont déjà montré leurs limites.

Le danger est réel : si cette centrale devient le seul canal officiel d’importation de produits subventionnés, elle risque de désorganiser le marché, de décourager les importateurs privés, et d’ouvrir la voie à une économie parallèle. Sans une gouvernance irréprochable, avec des mécanismes de contrôle rigoureux et une gestion professionnelle, cette nouvelle entité pourrait rapidement devenir un gouffre financier et un nid à clientélisme.

Une politique sérieuse contre la vie chère ne peut se résumer à une opération ponctuelle d’importation en gros. Elle passe par la relance des filières locales agricoles, le développement des circuits courts, la lutte contre les monopoles et le contrôle des marges abusives. L’État peut être un facilitateur, un régulateur, mais il ne doit pas redevenir un commerçant public inefficace. Le risque, sinon, est de retomber dans les erreurs du passé, avec les mêmes conséquences sociales.

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