Face à la flambée des prix, en particulier des produits importés, le ministre gabonais de l’Économie, Henri-Claude Oyima, a proposé la création de centrales d’achat publics et mutualisés. L’idée, présentée comme une solution innovante pour peser sur les chaînes d’approvisionnement, vise à réduire les coûts d’importation en regroupant les achats de l’État, des entreprises et potentiellement des particuliers.
Le principe semble simple : en centralisant les commandes de biens de consommation ou d’équipements, le Gabon pourrait obtenir des prix de gros, mieux négocier les conditions de fret, et réduire les marges excessives prélevées dans les circuits d’intermédiation. Cette solution cible particulièrement les produits alimentaires, pharmaceutiques, et les matériaux de construction, très exposés aux hausses mondiales. Pour Oyima, cette initiative répond à une réalité : l’économie gabonaise reste largement dépendante des importations, ce qui rend le pays vulnérable aux chocs externes comme la hausse des cours mondiaux ou les perturbations logistiques. En structurant la demande nationale, le gouvernement pourrait aussi rationaliser ses propres achats et limiter la spéculation sur les marchés locaux.
Un défi logistique et institutionnel
Cependant, l’idée pose plusieurs défis. D’abord, la mise en place d’une telle structure supposerait une logistique efficace, une chaîne de froid aux normes, des entrepôts modernes, une coordination entre ministères, et une gestion transparente. Ensuite, il faudra éviter que ces centres d’achat deviennent de nouvelles sources de rente ou de détournements, comme cela a pu être observé dans d’autres initiatives étatiques mal encadrées.
Dans le même temps, le secteur privé pourrait voir cette intervention publique comme une concurrence déloyale, sauf s’il est étroitement associé à la gouvernance de ces plateformes. Cette proposition, bien qu’originale, ne réglera pas le problème structurel de la dépendance alimentaire et industrielle du Gabon. À moyen terme, la seule solution durable reste l’investissement dans la production locale. Mais si elle est bien pensée, la centralisation des achats pourrait constituer une mesure transitoire efficace, notamment en période de forte inflation.