Le gouvernement gabonais prépare la mise en place d’une centrale d’achat spécifique aux matériaux de construction, a annoncé le ministre d’État en charge de l’Économie, Henri-Claude Oyima, lors d’un entretien accordé à Gabon 24 le 18 août 2025. Après avoir concentré ses efforts sur le secteur alimentaire, avec la création d’une centrale qui détiendra notamment l’exclusivité d’importation et de distribution sur une cinquantaine de produits de première nécessité, l’exécutif souhaite désormais élargir son dispositif de régulation à un autre secteur jugé stratégique : celui du BTP et des infrastructures.
Cette décision répond à un constat préoccupant. Le ministre a souligné l’existence d’une surenchère entre les détenteurs d’agrégats (sable, gravier, ciment, etc.) et les titulaires de marchés de construction, une situation qui alimente la spéculation et renchérit artificiellement les coûts des chantiers. Or, les matériaux de construction représentent un poste majeur de dépenses dans la réalisation des infrastructures publiques et privées, avec un impact direct sur le budget de l’État, mais aussi sur les particuliers qui construisent ou rénovent.
L’ambition de la future centrale sera de garantir une meilleure régulation des prix et un accès plus équitable aux intrants de base. Concrètement, elle servirait d’intermédiaire entre producteurs, importateurs et entreprises, afin de limiter les marges excessives et d’assurer une transparence accrue dans les transactions. Si elle fonctionne comme prévu, la centrale pourrait contribuer à réduire sensiblement le coût du mètre cube de béton ou de la tonne de ciment, et par conséquent alléger la facture des projets nationaux tels que les routes, les logements sociaux et les écoles.
Cette mesure s’inscrit dans la continuité de la politique de contrôle des filières stratégiques, déjà amorcée avec la centrale d’achat alimentaire. Celle-ci, en détenant l’exclusivité sur une cinquantaine de produits essentiels, a pour mission de stabiliser les prix et de garantir la disponibilité de denrées comme le riz, le sucre, ou l’huile. L’élargissement du dispositif au secteur des matériaux de construction traduit la volonté du gouvernement de dupliquer ce modèle dans un domaine où la spéculation freine l’efficacité des investissements publics.
Reste à savoir comment cette nouvelle centrale sera perçue par les acteurs du marché. Si certains y verront une opportunité de mettre fin aux dérives spéculatives, d’autres redouteront une concentration excessive du pouvoir d’achat public et une perte de marge de manœuvre pour les distributeurs. Dans un pays où le secteur du BTP est un moteur d’emploi et de croissance, l’efficacité de cette centrale dépendra de sa capacité à concilier régulation et attractivité pour les investisseurs privés.