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Gabon : bientôt une raffinerie de manganèse financée par les Émirats Arabes Unis?

le coup de coeur

Le dossier de l’industrialisation du manganèse gabonais prend une nouvelle tournure avec l’entrée en scène des Émirats Arabes Unis. Le 16 août 2025, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a reçu Dr Thani Bin Ahmed Al Zeyoudi, ministre du Commerce extérieur des Émirats, accompagné d’une importante délégation. L’objectif de cette rencontre était d’explorer les modalités de construction d’une raffinerie de manganèse et d’une zone industrielle minière au Gabon. Ce projet s’inscrit dans la volonté du pays de transformer localement 100% de sa production de manganèse à l’horizon 2030, une ambition réaffirmée lors de la présentation de la Stratégie nationale de transformation minière.

Le Gabon est aujourd’hui le deuxième producteur mondial de manganèse, avec environ 9 millions de tonnes extraites en 2024 selon les données du ministère des Mines. Or, moins de 10% de cette production est actuellement transformée localement, la quasi-totalité étant exportée brute vers la Chine, l’Inde ou encore la France. La construction d’une raffinerie, adossée à une zone industrielle, permettrait non seulement d’accroître la valeur ajoutée captée dans le pays, mais aussi de créer plusieurs milliers d’emplois directs et indirects. Selon les premières estimations, un projet de cette envergure pourrait nécessiter entre 1 et 1,5 milliard de dollars d’investissements.

L’intérêt des Émirats Arabes Unis vient renforcer une dynamique déjà enclenchée par d’autres puissances économiques. La France, via Eramet, exploite déjà le site de Moanda, la Chine et l’Inde multiplient les propositions de financement et de partenariat dans la transformation tandis que le Japon, a évoqué encore récemment la possibilité d’installer une unité pilote de raffinage. La concurrence est donc ouverte pour s’imposer comme partenaire stratégique de Libreville dans ce secteur. Les Émiratis, forts de leur expérience dans les mégaprojets énergétiques et industriels, pourraient proposer une approche intégrée combinant financement, expertise technique et accès à de nouveaux marchés.

Au-delà du manganèse, cette rencontre entre Oligui Nguema et le ministre émirati a également porté sur d’autres axes stratégiques à savoir : pétrole, gaz, énergies renouvelables, infrastructures et hôtellerie. Les Émirats, déjà présents en Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie) et australe (Afrique du Sud, Mozambique), semblent vouloir s’implanter durablement en Afrique centrale. Pour le Gabon, ce rapprochement constitue une opportunité de diversifier ses partenaires, alors que la dépendance vis-à-vis de certains acteurs historiques, notamment européens et asiatiques, est de plus en plus questionnée.

Reste à savoir si cette ambition se traduira rapidement en engagements financiers concrets. Le projet de raffinerie de manganèse nécessitera en effet une forte coordination entre l’État gabonais, les investisseurs étrangers et les acteurs miniers déjà implantés. Les discussions actuelles pourraient déboucher sur un protocole d’accord dès 2026, mais la mise en service d’une telle infrastructure n’interviendrait probablement pas avant 2029. 

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