Alors que l’élection présidentielle du 12 avril 2025 approche, Alain-Claude Bilie-By-Nze affiche une position ambivalente sur le processus électoral en cours. S’il affirme que les conditions du scrutin ne garantissent pas une totale transparence, il refuse catégoriquement de se retirer de la course. « Les conditions ne sont pas optimales », admet-il, tout en affirmant qu’il est hors de question de laisser le terrain libre au président de la transition, Brice Oligui Nguema. « Il ne s’agissait pas de laisser un terrain libre à un général qui allait en profiter pour ne même pas mener campagne », explique-t-il, suggérant que l’absence de concurrence crédible offrirait une victoire sans effort au chef de l’État.
Cette déclaration illustre un choix stratégique. Face à un pouvoir militaire qui contrôlerait les institutions et qui a mis en place une transition dont il est lui-même l’acteur central, Bilie-By-Nze est convaincu que la compétition sera inégale. Néanmoins, il mise sur la participation des Gabonais pour créer un rapport de force et imposer une véritable confrontation politique. Son objectif est de mobiliser un électorat qui pourrait être tenté par l’abstention, faute de confiance dans le processus électoral. Mais il prévient : ne pas voter reviendrait à renforcer le pouvoir en place. « L’abstention, de toutes les façons, profitera à celui qui est au pouvoir et il faut le sanctionner », insiste-t-il, cherchant ainsi à transformer le mécontentement populaire en dynamique électorale.
Impartialité des institutions
Le scrutin se déroule dans un contexte où la réforme du système électoral mise en place sous la transition suscite des interrogations. Certains observateurs doutent de l’impartialité des institutions en charge de l’élection, notamment en raison de l’absence de contre-pouvoirs face à l’appareil d’État contrôlé par l’actuel président. Bilie-By-Nze, bien que critique sur ces aspects, fait le pari qu’une mobilisation suffisante des électeurs pourrait empêcher une victoire écrasante du pouvoir en place. Cette approche repose sur l’idée que la légitimité du futur président dépendra aussi du taux de participation et du niveau de contestation du résultat.
Son positionnement le distingue des appels au boycott lancés par d’autres acteurs politiques. Contrairement à ceux qui estiment que les dés sont déjà jetés, Bilie By Nze choisit d’occuper le terrain et de se poser en alternative, même dans un cadre qu’il juge défavorable. Il refuse de donner un blanc-seing à la transition et entend démontrer que l’opposition peut exister, même dans un environnement électoral contrôlé. Sa stratégie repose sur une double logique : affaiblir la légitimité du pouvoir en place tout en s’imposant comme le principal adversaire d’Oligui Nguema.
L’issue de cette élection dépendra en grande partie de la mobilisation des électeurs. Si le taux de participation est faible, le président de la transition pourrait se voir conforté dans sa position. À l’inverse, une forte affluence aux urnes pourrait redistribuer les cartes et donner du poids à l’opposition. Pour Bilie By Nze, la bataille se joue donc autant dans les urnes que dans l’opinion publique, où il tente d’imposer l’idée qu’un scrutin imparfait vaut mieux qu’un pouvoir sans contestation.