spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Gabon: Chambrier et le RPM lâchent-ils Joyce Lafitte, un soldat de la première heure ?

le coup de coeur

C’est la bombe politique de cette veille électorale : les instances disciplinaires du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) ont suspendu avec effet immédiat son porte-parole adjoint, Joyce Lafitte Ntsegue, après une tribune fracassante dans laquelle il dénonçait la présence massive d’anciens barons du PDG dans l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), le nouveau parti présidentiel. À travers une diatribe intitulée « À la guerre comme à la guerre », celui qui est aussi candidat dans le 5e arrondissement de Libreville n’a pas mâché ses mots : « hier anciens candidats d’Ali Bongo Ondimba et aujourd’hui candidats de Brice Clotaire Oligui Nguema. Où est l’arnaque? » Sa mise à l’écart, rapide et brutale, suscite un tollé en ligne, en particulier chez les jeunes électeurs, qui y voient un « retour au système » à peine déguisé.

L’indignation est immédiate. Sur X et Facebook notamment, des milliers d’internautes dénoncent un « musellement politique » et une « trahison morale » de la part du RPM. Pour beaucoup, Joyce Lafitte a seulement mis les mots sur un malaise connu de tous au sein des partis en présence autour du président de la République. Certains rappellent que les visages de la transition sont aujourd’hui entourés d’anciens piliers du régime Bongo, recyclés sans rendre de comptes. Le soutien d’Anges Kevin Nzigou, leader du Front pour la Démocratie et la Société (FDS), n’a pas tardé : « Tiens bon, l’injustice ne gagne jamais sur la durée ! », a-t-il écrit sur ses réseaux, en signe de solidarité. Un message qui a vite été partagé et repris comme mot d’ordre par les militants déçus de la « nouvelle ère ».

La décision des instances disciplinaires du RPM nourrit la polémique derrière l’argument d’« unité de la majorité présidentielle ».  Cette majorité est au final artificielle, construite dans l’urgence, sans ciment idéologique. Et ceux qui osent remettre en question les alliances de circonstance sont aussitôt écartés. En suspendant Joyce Lafitte, les instances disciplinaires du RPM montrent qu’il préfère les équilibres de cour aux débats de fond. Un choix stratégique qui pourrait lui coûter cher dans les urnes, notamment dans les fiefs urbains où les jeunes attendent un vrai renouvellement, pas une reconfiguration du vieux système.

Ce qui devait être une simple mesure disciplinaire prend donc une tournure nationale. Ce à quoi ne s’attendaient sûrement pas les hiérarques du parti. Dans un pays où la parole devait s’être libérée depuis la chute du régime Bongo, cette affaire rappelle que les vieux démons sont bien accrochés au nouveau régime. Et dans celui-ci, Joyce Lafitte, bien que suspendu, est déjà vu comme un symbole de résistance. 

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles