Dans la continuité de sa volonté de redonner à l’État gabonais sa pleine capacité d’action, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a ordonné la création de cinq fonds stratégiques pour accompagner les projets structurants dans les secteurs clés de l’économie. Cette initiative, portée par le Ministre d’État en charge de l’Économie en coordination avec les ministères sectoriels, vise à organiser un financement ciblé, pérenne et souverain du développement national, en s’attaquant à des goulots d’étranglement longtemps ignorés.
Parmi ces instruments, le Fonds national pour l’énergie et l’eau (FNEE) occupe une place centrale. Il sera conçu comme un levier de souveraineté énergétique et hydrique, dans un pays où plus de 40 % des populations rurales n’ont toujours pas accès à l’eau potable et où les coupures d’électricité affectent régulièrement les zones urbaines. L’objectif est de mobiliser des ressources pour renforcer les capacités de production, de transport et de distribution de ces services essentiels, condition sine qua non d’un développement équilibré.
Le secteur halieutique bénéficiera pour sa part du Fonds stratégique pour le développement de la pêche et de l’aquaculture (FDPA). Cette structure aura pour mission de structurer les filières de pêche et d’aquaculture, de favoriser l’investissement local, de renforcer la transformation sur place, et de réduire la dépendance du pays aux importations de produits halieutiques. En 2023, plus de 70 % du poisson consommé au Gabon provenait de l’étranger, malgré l’abondance des ressources marines.
Le Fonds gabonais pour l’habitat et le logement (FGHL), quant à lui, ambitionne de réguler et de dynamiser un secteur miné par la spéculation foncière et le déficit d’offre abordable. Il pourra intervenir en soutien aux promoteurs, aux acquéreurs et aux collectivités, en facilitant l’accès au crédit ou en appuyant des programmes publics de logements sociaux. Ce fonds pourrait ainsi contribuer à réduire le déficit estimé à plus de 150 000 logements à l’échelle nationale.
Enfin, le Fonds national pour les infrastructures (FNI) et le Fonds stratégique agricole (FSA) viendront respectivement soutenir les chantiers d’aménagement et de désenclavement, et catalyser les investissements agricoles. Ces deux instruments sont appelés à jouer un rôle moteur dans la création d’emplois, la diversification de l’économie et la structuration de nouvelles chaînes de valeur, à l’heure où le pays cherche à s’extraire de sa dépendance aux hydrocarbures. Si la gouvernance et le suivi de ces fonds sont rigoureux, ils pourraient devenir des piliers de la transformation structurelle du Gabon.
