Les priorités budgétaires ont évolué en fonction des enjeux économiques actuels et des défis à venir du pays. Fini la restauration des institutions, place aux projets de développement. Cependant, il est essentiel de souligner que ces projets et intentions du gouvernement actuel, semblent s’inscrire dans la continuité de ceux du gouvernement précédent, qui a été largement critiqué pour son manque de résultats tangibles. Alors que le budget de 2024, post-pandémique, avait mis l’accent sur la relance économique et le soutien aux secteurs durement touchés par la crise sanitaire, le gouvernement se concentre en 2025 sur la diversification de l’économie, la réduction du déficit budgétaire et le renforcement des secteurs sociaux, sans réelle nouveauté.
Alors qu’une croissance modérée est attendue sur les trois prochaines années et que des ajustements budgétaires sont nécessaires, le gouvernement gabonais s’enfonce dans sa stratégie. Multipliant le niveau des dépenses publiques. En 2024 par exemple, le budget reposait sur une prévision de croissance économique de 3,5%.
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Pour 2025, cette prévision est légèrement révisée à la baisse, à 3%, en raison de l’incertitude économique mondiale et de la fluctuation des prix des matières premières, notamment le pétrole. Dans ce contexte, le gouvernement table sur des recettes totales de 2 700 milliards de fcfa, en hausse de 10% par rapport à 2024, grâce à une hypothétique meilleure collecte des impôts et à l’introduction de nouvelles taxes environnementales.
Des dépenses en constante hausse
Les dépenses publiques continuent d’augmenter, passant à 2 900 milliards de fcfa, avec un déficit budgétaire projeté de 2,8% du PIB, contre 3,2% en 2024, sachant que cette réduction du déficit reste largement insuffisante pour soutenir une telle hausse. Elle soulève donc des questions sur la capacité du gouvernement à équilibrer son budget à long terme.
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Malgré des réformes de gestion des finances publiques, la persistance de ce déficit élevé met en lumière l’incapacité du Gabon à s’affranchir d’une dépendance chronique aux recettes publiques et d’une relation toxique avec les dépenses publiques. On notera d’ailleurs qu’à partir de 2025, la masse salariale de l’Etat passera de 704 milliards de fcfa en 2023 à plus de 825 milliards de fcfa en 2025. Était-ce nécessaire alors que le pays manque cruellement d’infrastructures nécessaires à son développement?
Réduction annoncée des investissements publiques, risque pour la croissance
En 2025, le PLF prévoit que les investissements seront réduits à environ 30% des dépenses totales, soit environ 870 milliards de fcfa. L’accent sera mis sur la finalisation des projets en cours et sur le développement de nouvelles infrastructures de transport dans les zones rurales. Toutefois, ces projets, qui ne diffèrent guère de ceux mis en avant par les gouvernements précédents, suscitent des doutes quant à leur viabilité réelle. De plus, les agences de notation Moody’s et Fitch Ratings expriment des craintes que cette hausse des dépenses sociales ne soit qu’un acte de populisme, sans engagement sérieux envers des réformes structurelles.
Reprenant des initiatives déjà présentes sous l’ancienne administration, laissant planer un doute sur leur capacité à générer un changement réel bien qu’affichant des intentions ambitieuses, le gouvernement actuel semble s’enliser dangereusement vers un bis répétita. Les critiques de populisme et le manque de nouvelles approches innovantes émises que ce soit par Alain-Claude Bilie-By-Nze ou le Pr Albert Ondo Ossa, confirment cette position. Le PLF 2025 qui fait une nouvelle fois la part belle aux dépenses militaires qui atteignent plus de 207 milliards de fcfa, semble déconnecté des besoins et des réalités des Gabonais.