Au Gabon, alors que le pays ambitionne de moderniser son système éducatif et de hisser ses universités à un standard international, une situation paradoxale met en péril l’avenir de plus de 200 jeunes docteurs. Victimes d’un processus de recrutement jugé opaque et injuste, ces enseignants-chercheurs en devenir, organisés en Collectif des Docteurs Lésés du Gabon, appellent solennellement le Président de la République à une intervention urgente.
Depuis juillet 2024, une campagne de recrutement des enseignants-chercheurs et chercheurs a été initiée par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique. Portée par des notes administratives et encadrée par la promesse d’un renouveau universitaire, cette initiative suscitait de grands espoirs parmi les jeunes diplômés. Pourtant, près d’un an après, ces espoirs se sont transformés en amertume : les résultats des commissions de recrutement, instituées par arrêté ministériel en novembre 2024, n’ont toujours pas été publiés.
Dans leur lettre ouverte adressée au chef de l’État, les membres du collectif dénoncent « une incohérence quand on sait que de nombreux docteurs exercent déjà au sein de divers établissements en qualité de vacataires et peinent à être intégrés », rappelant également que les paiements de ces vacations restent « aléatoires et dérisoires », aggravant ainsi leur précarité.
Au cœur du problème, plusieurs dysfonctionnements sont soulevés : disparitions de dossiers de candidature, non prise en compte d’avis techniques favorables donnés par les établissements, priorisation de titulaires de Masters au détriment de docteurs dans l’attribution de postes budgétaires, et surtout, une absence totale de transparence dans la publication des résultats de recrutement. Une situation qui témoigne, selon eux, d’une persistance de pratiques bureaucratiques incompatibles avec les ambitions de réforme affichées par le nouveau pouvoir.
Conscients de l’importance de leur formation et du rôle qu’ils pourraient jouer dans la revitalisation de l’enseignement supérieur, les jeunes docteurs lancent un appel direct : « Nous ne pouvons permettre qu’une génération entière de jeunes chercheurs soit sacrifiée par une gestion bureaucratique défaillante », insistent-ils. Ce plaidoyer du collectif s’inscrit dans un contexte où le président de la République a multiplié les engagements pour repenser l’enseignement supérieur, avec des projets de création de nouvelles universités et de modernisation des infrastructures existantes.
Le Collectif espère désormais que ces ambitions politiques se traduiront rapidement en actions concrètes : publication des résultats des commissions, respect des procédures de recrutement, et intégration effective des docteurs dans les établissements publics. Et pour cause, au-delà de leur situation individuelle, c’est tout l’avenir de la recherche scientifique, de l’innovation et de l’excellence universitaire gabonaise qui se joue.