À peine élu à la majorité absolue avec plus de 90 % des suffrages exprimés, le président Brice Clotaire Oligui Nguema poursuit ses prises de parole fortes, dessinant peu à peu les contours de la Ve République qu’il appelle de ses vœux. Ce lundi 14 avril, lors de la cérémonie du drapeau à la Présidence de la République, il a tenu à préciser sa vision du pouvoir exécutif, s’attaquant sans détour aux pratiques politiques anciennes qu’il entend bannir.
Un avertissement limpide
« Dans cette Ve République, je ne veux pas des parachutés, des gens qui sont positionnés, la présidence de la République ne doit pas être un titre foncier pour certains », a lancé le chef de l’État devant un parterre de hauts responsables et de cadres de l’administration. Un avertissement limpide adressé à ceux qui, par le passé, ont vu dans les hautes fonctions publiques un moyen de promotion personnelle plutôt qu’un engagement au service de l’intérêt général.
Ces propos s’inscrivent dans la logique des discours précédents où Oligui Nguema appelle à une refondation morale et administrative de l’État. Il entend rompre avec les dérives de la cooptation et du clientélisme politique qui ont contribué à affaiblir la légitimité des institutions. Cette posture marque une volonté de replacer la compétence, la loyauté et le mérite au cœur de l’action publique, en particulier au sein de la Présidence, souvent perçue comme l’épicentre du pouvoir.
Vers une nouvelle éthique de gouvernance ?
Dans la perspective de la mise en place de la Ve République, l’accent est ainsi mis sur une nouvelle éthique de gouvernance. L’équipe présidentielle, comme les autres rouages de l’État, devra désormais répondre à des critères clairs de transparence, d’engagement et de résultats. Cette déclaration s’ajoute à un corpus de mesures attendues, notamment la suppression du poste de Premier ministre et le transfert de certaines prérogatives à un vice-président du gouvernement.
La déclaration d’Oligui Nguema sonne donc comme un signal d’alerte adressé à la classe politique, mais aussi comme un engagement vis-à-vis du peuple gabonais, dont il dit entendre les aspirations. Alors que le processus de transformation institutionnelle est sur le point d’être lancé, le président entend garder la main ferme sur la direction à suivre : celle d’un État rénové, débarrassé des logiques de rente et tourné vers l’efficacité et la justice.