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Gabon: dans la Banio, l’entrée discrète des États-Unis dans la géopolitique minière

le coup de coeur

Au premier regard, le financement de 500 millions de dollars annoncé par Washington pour le projet de potasse de Banio pourrait apparaître comme un simple appui économique. Pourtant, il s’agit bien plus que d’un investissement minier : c’est une manœuvre géopolitique d’envergure.

En inscrivant la potasse sur la liste des minéraux critiques pour 2025, le Département de l’Intérieur américain a clairement affiché son intention de sécuriser ses chaînes d’approvisionnement agricoles. Le Gabon, grâce à sa position stratégique sur l’Atlantique, devient ainsi une base arrière idéale pour l’approvisionnement des États-Unis en engrais potassiques. Cette décision replace Libreville au cœur d’un jeu d’influence international où la ressource minérale devient une arme diplomatique.

Ce rapprochement avec Washington intervient dans un contexte de compétition accrue entre grandes puissances. La Chine, déjà présente dans la quasi-totalité des projets miniers gabonais, avait jusque-là un quasi-monopole sur les investissements stratégiques. 

Avec Banio, les États-Unis brisent cette dynamique en s’imposant sur un segment vital  et stratégique : celui des intrants agricoles. Ce n’est donc pas un hasard si le financement américain inclut également la construction d’infrastructures logistiques, comme une route maritime directe vers les ports américains. Derrière le discours officiel sur la sécurité alimentaire, c’est un véritable verrouillage stratégique qui se met en place.

Le choix du Gabon n’est pas non plus anodin. Situé au sud-ouest du Golfe de Guinée, le pays dispose d’une façade maritime qui en fait un point d’ancrage idéal pour l’Atlantique. En sécurisant le projet de Banio, Washington s’assure non seulement un approvisionnement en potasse, mais également une présence discrète dans une zone maritime où la Russie et la Chine multiplient leurs activités. Le Gabon, volontairement ou non, devient ainsi un pion sur l’échiquier mondial, avec des implications qui dépassent largement le secteur minier. 

En fin de compte, le financement du projet Banio dépasse de loin la dimension économique. C’est une démonstration de la façon dont les ressources critiques redessinent aujourd’hui la géopolitique mondiale. Pour Washington, il s’agit de sécuriser son agriculture. Pour Pékin et Moscou, c’est un signal d’alerte. Et pour Libreville, c’est l’opportunité d’affirmer son rôle stratégique, à condition de ne pas se laisser enfermer dans une dépendance exclusive.

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