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Gabon : dette insoutenable, déficit croissant, dépenses populistes, le budget 2025 trop ambitieux

le coup de coeur

Le budget 2025 du Gabon illustre les défis économiques et financiers auxquels le pays fait face. Avec une dette publique estimée à 70,4% du PIB en 2023, dépassant le plafond régional de 70%, et un déficit budgétaire projeté à 5,3% du PIB en 2025, les marges de manœuvre budgétaires semblent quasi inexistantes. Le gouvernement, à travers son ministre du Budget et des Comptes publics, Charles M’ba, a présenté un plan ambitieux, incluant des mesures coûteuses telles que la réduction des arriérés de retraite, des exonérations fiscales et l’élargissement des recrutements dans le secteur public, mais peine à garantir des sources de financement fiables pour soutenir ces engagements.

Tensions budgétaires grandissantes

La demande récente d’exemption adressée à la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) illustre les tensions budgétaires grandissantes. Cette requête vise à contourner certaines restrictions régionales afin de permettre un financement plus souple pour le Gabon. Une telle demande, inhabituelle, témoigne d’une difficulté structurelle à mobiliser des ressources financières suffisantes, aggravée par les conditions serrées du marché obligataire régional et le coût prohibitif des émissions internationales.

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En parallèle, les dépenses prévues pour 2025 suscitent des interrogations. Les dépenses de biens et services vont augmenter de près de 100 milliards de fcfa et la masse salariale devrait atteindre plus de 825 milliards de fcfa. Avec en plus des initiatives telles que la création d’une compagnie aérienne nationale et d’une banque de développement, le gouvernement s’engage dans des projets aux coûts incertains, sans qu’aucune étude d’impact financier n’ait été rendue publique. Ces choix populistes, bien que potentiellement stratégiques à long terme, alourdissent une dette déjà insoutenable et rendent le bouclage du budget encore plus difficile dans un contexte de baisse attendue des revenus pétroliers dès 2025.

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La pression est d’autant plus forte que les besoins de financement atteignent en moyenne 13,2% du PIB pour 2025-2026. Et que le pays à un besoin de financement en infrastructures chiffré à plus de 700 milliards de fcfa par an selon la BAD. Le gouvernement, incapable de boucler son budget par des recettes ordinaires, pourrait donc être contraint de puiser dans les dépôts publics ou d’accumuler davantage d’arriérés, notamment envers les créanciers officiels, déjà estimés à 165 milliards de fcfa à la fin mai 2024. Le budget 2025, bien que tourné vers des objectifs ambitieux de développement, semble largement au-dessus des capacités réelles du Gabon. 

Compromission de la stabilité économique

Faute de réformes structurelles pour augmenter les recettes hors pétrole et d’une maîtrise accrue des dépenses, ce programme budgétaire risque de plonger le pays dans une spirale d’endettement et d’arriérés, compromettant sa stabilité économique et sa crédibilité auprès des partenaires financiers internationaux. C’est donc un grand défi auquel est confronté le gouvernement de transition, à quelques mois de la première élection présidentielle post-coup d’État.

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