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Gabon Economic Forum : le gouvernement veut réveiller un modèle à bout de souffle

le coup de coeur

L’économie gabonaise est à bout de souffle. C’est le constat sans fard livré par Henri-Claude Oyima, ministre d’État en charge de l’Économie, à l’ouverture du tout premier Gabon Economic Forum sous la Ve République, le 7 juillet dernier. Le pays souffre d’un modèle de croissance structurellement affaibli, incapable de produire les effets attendus depuis des décennies. Avec une croissance économique stagnante, autour de 2,5% par an, bien en deçà du taux d’accroissement de la population, et un Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant divisé par deux en près de 50 ans, le constat est sans appel : le Gabon s’enlise dans le piège des pays à revenu intermédiaire.

Reconstruire une économie plus souveraine

Ce premier forum économique voulu par le gouvernement comme une rupture stratégique, ambitionne de poser les fondations d’un nouveau modèle économique. Il s’agit de reconstruire une économie plus souveraine, plus résiliente, et capable de générer une croissance durable à deux chiffres. « Le Gabon Economic Forum a une ambition claire : poser les bases d’un nouveau modèle de Développement pour notre pays, à travers un Plan réaliste, inclusif et ambitieux, générateur d’une Croissance soutenue de 10% minimum », a déclaré Henri-Claude Oyima.

Vue d’un atelier thématique lors du Gabon Economic Forum du 7 au 8 juillet 2025 à Libreville. © D.R.

Pour y parvenir, le ministre a rappelé les premières mesures fortes prises par le gouvernement. Interdiction de l’importation des poulets de chair à partir de 2027, interdiction d’exporter le manganèse brut dès 2029, création de cinq fonds stratégiques dans l’agriculture, la pêche, l’énergie, le logement et les infrastructures, ou encore l’audit du patrimoine de l’État. Ces mesures doivent permettre de recentrer l’action publique vers la transformation locale et la souveraineté productive.

Des défis structurels persistants

Le ministre n’a pas éludé les défis structurels persistants, parmi lesquels une masse salariale publique trop lourde, une inflation qui alimente la vie chère, une dette encore soutenable mais fragilisée, ainsi qu’un climat de confiance dégradé vis-à-vis des partenaires et des investisseurs. Il a plaidé pour une maîtrise rigoureuse des dépenses de fonctionnement, une rationalisation des exonérations fiscales et une gestion budgétaire exemplaire. L’objectif est clair : rétablir la crédibilité de la signature financière du Gabon, tant à l’intérieur qu’à l’international.

Une vue d’ensemble des participants au forum. © D.R.

Dans une adresse particulièrement didactique, Henri-Claude Oyima a insisté sur l’importance de la transparence, du respect des engagements budgétaires, et du réalisme dans la planification des réformes. Il a appelé à une profonde prise de conscience collective : chaque retard de paiement, chaque contrat rompu, chaque gestion approximative d’une entreprise publique contribue à miner la trajectoire économique du pays. La stabilité budgétaire devient ainsi la condition sine qua non de tout redressement.

Enjeu : capacité de mise en œuvre de l’exécutif

« Nous avons le devoir de sortir des cercles vicieux de la précarité pour inscrire notre économie sur une trajectoire durable, en alliant discipline financière, transformation productive et justice sociale », a-t-il martelé. Au-delà des mesures énoncées, l’enjeu fondamental reste celui de la capacité de mise en œuvre.

Les réformes ne réussiront que si l’administration publique est outillée, responsabilisée et pilotée selon une culture de résultats. Une rupture avec les pratiques anciennes est désormais attendue, ainsi qu’un renforcement du suivi-évaluation des politiques publiques et, surtout, une volonté constante de rendre compte. Le forum apparaît donc aussi comme un appel lancé à la technostructure avec en toile de fond moins d’inertie, plus d’efficacité.

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