Le Conseil des ministres de ce lundi 8 septembre 20025 a validé un budget d’investissements de 3321,5 milliards de fcfa pour 2026, un montant jamais atteint auparavant. L’exécutif assure vouloir faire de l’investissement « un levier central et non plus une variable d’ajustement », en ciblant sept priorités : infrastructures, eau, énergie, capital humain, numérique, logement et gouvernance. Ce cap, s’il est tenu, placerait le Gabon dans une dynamique de transformation sans précédent.
Mais là encore, les promesses rappellent fortement les engagements d’Ali Bongo à partir de 2009. Son plan d’émergence misait sur des investissements massifs pour moderniser le pays. Or, malgré des budgets faramineux, la mise en œuvre avait buté sur les mêmes failles : mauvaise gouvernance, projets mal ficelés et corruption systémique. Beaucoup de chantiers étaient restés inachevés ou avaient coûté beaucoup plus que prévu, faute de suivi et de transparence.
Le cas des projets actuels ne fait que renforcer cette inquiétude. Plusieurs grands chantiers, inscrits dans les documents officiels, ne disposent toujours pas d’un financement clairement identifié. On ignore les montants précis mobilisés pour certains projets structurants, ce qui alimente les doutes sur la faisabilité de l’enveloppe annoncée. Le document de cadrage lui-même soulignait que la faible « capacité d’absorption de l’économie » restait un frein majeur. La répétition des erreurs du passé apparaît donc comme un risque réel.
Pour comparaison, les budgets d’investissements du premier septennat d’Ali Bongo oscillaient déjà entre 1200 et 1500 milliards de fcfa, notamment en 2013 et 2014, avec des ambitions fortes sur les routes, l’énergie et l’habitat. Dix ans plus tard, beaucoup de ces infrastructures ne sont pas achevées ou ont été abandonnées faute de suivi. L’expérience passée démontre qu’un budget colossal ne garantit en rien des résultats si la gouvernance n’est pas réformée en profondeur.
À travers cette enveloppe record, l’État tente d’imposer une image de rupture. Mais les chiffres, aussi impressionnants soient-ils, ne suffiront pas à gommer l’héritage des années passées. Tant que la corruption et l’opacité continueront de miner la gestion publique, le risque est grand de voir se reproduire le même scénario : des ambitions colossales, mais des résultats en deçà, voire des chantiers abandonnés.