Une nouvelle convention a été signée pour la construction de 5 000 logements au Gabon. L’événement s’est déroulé en grande pompe, en présence de plusieurs officiels dont le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema, le ministre de l’Habitat, Ludovic Megne Me Ndong, du directeur général d’Addoha, Anas Berrada. Selon les promoteurs du projet, ces résidences devraient couvrir différents segments : logements sociaux, économiques, de moyen et de haut standing.
L’objectif affiché est clair : proposer des logements accessibles à tous, avec des emplacements stratégiques et un bon rapport qualité-prix, afin que chaque Gabonais puisse devenir propriétaire sans compromettre son budget familial. Outre la construction des logements, le projet devrait inclure des infrastructures connexes pour améliorer le cadre de vie des futurs résidents.
Une vision ambitieuse sur le papier
Sur le papier, tout est bien ficelé. Une vision ambitieuse, des discours rassurants et des engagements fermes. Mais dans les faits, cette convention ressemble à beaucoup d’autres déjà signées auparavant… et jamais abouties. Il faut dire que ce n’est pas la première fois qu’une telle annonce est faite. Ce n’est même pas la cinquième. Depuis des années, conventions et protocoles d’accord entre l’État et des partenaires privés se succèdent à un rythme effréné. Si les signatures de documents suffisaient à construire des maisons, le Gabon n’aurait plus de crise du logement.
En 2009, Ali Bongo lui-même promettait la construction de 5 000 logements par an. On connaît la suite : une série d’accords signés avec des entreprises turques, chinoises, et d’autres encore… pour un résultat proche de zéro. Pendant ce temps, le déficit en logements continue de grimper et dépasse aujourd’hui les 200 000 unités. Et pourtant, le Gabon n’est pas un pays sans ressources. Chaque année, plus de 800 milliards de fcfa sont générés par les industries extractives. De quoi financer de nombreux programmes immobiliers. Alors, pourquoi rien ne bouge réellement ? Manque de volonté politique ? Mauvaise gestion des fonds ? Des questions qui restent toujours sans réponse. Sachant que les mêmes décideurs de l’administration sous Ali Bongo Ondimba sont encore et toujours présents dans l’administration sous Brice Clotaire Oligui Nguema, les choses peuvent-elles évoluer ?
Un espoir pour les Gabonais mal logés?
Cette nouvelle convention connaîtra-t-elle un sort différent ? Seul l’avenir le dira. Mais les Gabonais, eux, commencent à se lasser des annonces spectaculaires sans lendemain. Car au-delà des cérémonies officielles et des promesses répétées, ce sont des familles entières qui attendent, parfois depuis des décennies, un logement décent. Pendant que les signatures de conventions s’enchaînent, la réalité du terrain, elle, reste la même : des milliers de Gabonais vivent toujours dans des conditions précaires, entre loyers exorbitants, logements insalubres et espoir sans cesse repoussé d’un toit digne. La véritable urgence n’est plus d’annoncer de nouveaux projets, mais enfin d’en concrétiser un.
