Henri-Claude Oyima, ministre de l’Économie et des Finances, a décidé d’imposer un tournant décisif dans la gouvernance des entreprises publiques au Gabon. Dans une note récemment publiée, il enjoint les responsables de ces entités à transmettre sous une semaine leurs documents de gestion. Sont concernés « les procès-verbaux des conseils d’administration et des assemblées générales des années 2022, 2023 et 2024, les états financiers, les rapports des commissaires aux comptes, les quittances de paiement des dividendes de l’État, ainsi que la documentation relative à la gouvernance ».
Cette exigence s’inscrit dans une dynamique de redressement initiée par son ministère, alors que « l’exhaustivité de l’information sur les SPP est indispensable à la tenue des statistiques des finances publiques et à la gestion de la trésorerie de l’État ». En effet, la majorité des services publics personnalisés (SPP) au Gabon souffre d’un manque de transparence, alimenté par des failles dans la supervision financière et des pratiques opaques de gestion.
Le document budgétaire annexé à la loi de finances 2023 soulignait déjà que « sur un total de 119 SPP recensés dans l’Administration Publique, seuls 83 établissements ont été saisis à Libreville » et encore, de manière partielle. De plus, la croissance continue des dépenses, notamment en personnel (+43% entre 2019 et 2021) n’est pas soutenue par une hausse des ressources propres, ce qui accroît la dépendance des SPP vis-à-vis des subventions de l’État.
Ce rappel à l’ordre prend donc une dimension stratégique. Selon l’annexe budgétaire consultée, « les dépenses de biens et services représentaient 54 % des charges des sociétés d’État contre seulement 4 % pour les investissements », ce qui remet en question leur capacité à renouveler leurs outils de production et à améliorer leur productivité.
Par cette approche, le gouvernement entend donc « maîtriser les risques budgétaires des SPP et les maintenir comme centres de profits et non centres de coûts ». Pour cela, les SPP devront désormais justifier toute évolution de leur masse salariale et soumettre leurs budgets à l’approbation préalable de la tutelle financière. La démarche initiée par Henri-Claude Oyima marque donc un tournant vers une culture de résultats et de responsabilité dans la gestion des entreprises publiques gabonaises.