Depuis le 13 septembre 2025, le ministère des Transports dispose d’un dispositif inédit de géolocalisation en temps réel des poids lourds. Présenté par le colonel Moussavou Mandoukou, Directeur général des Transports terrestres, cet outil répond à un double défi : réduire l’insécurité routière, où les grumiers sont souvent impliqués, et instaurer un contrôle plus strict d’un secteur difficile à réguler. Pour la première fois, l’État gabonais s’offre un levier technologique pour suivre, encadrer et sanctionner le transport lourd.
Le système permet de localiser chaque véhicule, de suivre sa vitesse, de communiquer directement avec le chauffeur, et même d’immobiliser le camion à distance en cas d’infraction. Cette fonctionnalité dépasse le simple cadre de la prévention : elle constitue une arme contre les comportements dangereux mais aussi contre les pratiques opaques qui caractérisent encore le transport des grumes et des marchandises. La technologie devient ainsi un instrument de gouvernance autant qu’un outil de sécurité.
La phase expérimentale a débuté avec 176 grumiers opérés par la Gabon Special Economic Zone (GSEZ). L’ambition est d’étendre le dispositif à l’ensemble des 450 poids lourds recensés sur le territoire, puis à d’autres véhicules de transport lourd. Cette montée en charge graduelle reflète la volonté d’associer innovation et pragmatisme, dans un contexte où la régulation du trafic reste un enjeu majeur pour la sécurité des usagers comme pour la compétitivité de l’économie.
L’impact attendu dépasse la route. En encadrant mieux les charges et les vitesses, le Gabon espère limiter la dégradation prématurée des infrastructures. Or, selon la Banque mondiale, la réhabilitation d’un kilomètre de route dégradée coûte jusqu’à trois fois plus cher que son entretien préventif. Le suivi technologique des poids lourds pourrait ainsi prolonger la durée de vie des principaux axes et réduire la facture publique liée aux réparations, dans un pays où le réseau routier reste l’un des maillons faibles de la compétitivité.
À terme, le système pourrait intégrer des caméras intérieures et extérieures, ouvrant la voie à une régulation intelligente du transport lourd. La création d’une base de données nationale sur les flux routiers renforcerait la planification, l’aménagement du territoire et le suivi des investissements publics. Avec cet outil, le Gabon tente de transformer l’indiscipline des poids lourds, en opportunité pour asseoir une gestion plus moderne, plus efficace et plus durable de son trafic routier.