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Gabon: enjeux et perspectives du projet de loi de finances 2025 

le coup de coeur

Le projet de loi de finances pour l’année 2025, déposé en septembre 2024, est censé marquer une étape cruciale dans la stratégie économique du Gabon. Stratégie qui repose essentiellement sur le PNDT (Plan national de développement de la Transition). Ce document budgétaire, qui récapitule et structure l’ensemble des ressources et des charges de l’État pour l’année à venir, vise entre autres à renforcer la résilience économique du pays tout en favorisant une croissance inclusive. Les grandes orientations budgétaires sont notamment destinées à diversifier l’économie gabonaise, encore fortement dépendante des revenus pétroliers, et à maintenir la stabilité des finances publiques. Mais plusieurs questions subsistent.

Le Gabon, en 2023, affichait un produit intérieur brut (PIB) estimé à environ 15 milliards de dollars, soit plus de 9 000 milliards de fcfa, avec une prévision de croissance économique très optimiste de 3,5% en 2024. Toutefois, la dépendance aux exportations pétrolières, qui représentent environ 40% des revenus de l’État, reste un frein à une croissance durable. Face à cette réalité, le projet de loi de finances 2025 s’articule autour de trois axes principaux : la diversification des sources de revenus, la réduction du déficit budgétaire et le renforcement de l’inclusion sociale. Encore une fois serait-on tenté de dire, tant les gouvernements successifs depuis 15 ans n’ont cessé de marteler cette même volonté de diversification.

Diversification économique : cap sur les secteurs pétroliers

En effet, le premier défi auquel le Gabon est confronté est la diversification de son économie. Dans le projet de loi de finances 2025, l’État prévoit d’augmenter les investissements dans les secteurs non pétroliers, avec une allocation budgétaire significative pour l’agriculture, les mines, et le tourisme. Le secteur agricole, par exemple, devrait voir ses investissements publics augmenter de 15%, en ligne avec l’objectif gouvernemental de faire de l’agriculture un pilier du développement économique. Le secteur minier, autre axe prioritaire, affiche des prévisions de recettes en hausse de 10% grâce à la montée en puissance de la production de manganèse, dont le Gabon est l’un des principaux producteurs mondiaux. L’objectif étant de porter sa contribution au PIB à 8 % d’ici 2025. 

Réduction hypothétique du déficit budgétaire et gestion de la dette

En matière de finances publiques, le gouvernement prévoit de réduire progressivement le déficit budgétaire, qui s’élevait à 3,2% du PIB en 2024. Le projet de loi de finances 2025 prévoit une réduction de ce déficit à 2,8% du PIB, grâce à une meilleure gestion des dépenses publiques et à une hausse attendue des recettes fiscales. Les revenus fiscaux devraient augmenter de 12% par rapport à 2024, en grande partie grâce à l’amélioration des outils de collecte des impôts et à la lutte contre l’évasion fiscale. Par ailleurs, la gestion de la dette publique reste un enjeu central. En 2023, la dette publique représentait environ 65% du PIB, soit un niveau élevé par rapport à la moyenne régionale. Le gouvernement vise à ramener ce ratio à 60 % d’ici à la fin de 2025, en maîtrisant les nouvelles émissions de dette et en optimisant les remboursements. 

Investissements dans les infrastructures et le capital humain

Le projet de loi de finances 2025 consacre également une part importante aux infrastructures. Environ 30% des dépenses publiques seront allouées à des projets de développement d’infrastructures, avec un accent particulier sur l’amélioration des réseaux de transport et de communication. Le développement des infrastructures est vu comme un levier essentiel pour améliorer la compétitivité du pays et attirer des investissements étrangers. En parallèle, le gouvernement prévoit d’augmenter les dépenses dans les secteurs sociaux, notamment la santé et l’éducation. Le budget de la santé augmentera de 8% en 2025, permettant possiblement l’amélioration des infrastructures hospitalières et la formation du personnel médical. Dans le secteur de l’éducation, les dépenses seront également revues à la hausse, avec un objectif de scolarisation universelle d’ici 2030. Le Gabon prévoit d’investir 1,5% de son PIB dans l’éducation en 2025. Ce qui reste toutefois négligeable. 

Défis et perspectives

Bien que le projet de loi de finances 2025 semble ambitieux, plusieurs défis restent à relever. La fluctuation des prix du pétrole sur le marché mondial demeure un risque majeur pour la stabilité économique du Gabon. En 2023, les recettes pétrolières représentaient encore près de 40% des recettes de l’État, et une chute brutale des prix devrait compromettre les prévisions budgétaires. De plus, l’efficacité des réformes dépendra de la capacité du gouvernement à créer un environnement stable et attractif pour les investissements. La lutte contre la corruption, la modernisation de l’administration publique et la promotion de la transparence seront des facteurs clés pour assurer le succès des réformes. Si les réformes sont mises en œuvre efficacement, elles pourraient favoriser une croissance plus résiliente et inclusive, tout en réduisant la dépendance du pays aux revenus pétroliers.

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