Ce 14 juillet 2025, la société pétrolière Assala Gabon a signé un protocole d’accord avec le ministère de l’Environnement pour un investissement de 115 millions de fcfa, destiné à appuyer des actions de gouvernance environnementale. Le ministre Mays Mouissi, visiblement satisfait, y voit « un levier de responsabilité et de progrès » plutôt qu’une contrainte. À ses côtés, le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguéma Nguéma, acte le renforcement de l’axe État-secteur privé autour de la durabilité. Trois volets sont annoncés : création d’un comité de surveillance de la biodiversité, programme d’immersion professionnelle, et implantation d’une brigade environnementale dans la Ngounié.
Une rivière d’opacité
Mais derrière cette vitrine parée de vert, une question centrale : que vaut aujourd’hui la parole environnementale d’Assala Gabon, alors que l’entreprise est devenue, au fil des mois, une véritable rivière d’opacité ? Depuis la reprise du contrôle par l’État gabonais, la transparence sur la gouvernance, les pratiques sociales, et même les données de production s’est fortement réduite. Les rapports RSE sont en sommeil, les audits environnementaux rarement rendus publics, et les acteurs de la société civile peinent à accéder à des informations crédibles.
Dans ce contexte, ces 115 millions pourraient tout aussi bien relever d’un exercice de communication que d’un tournant stratégique réel. Le paradoxe est criant. Comment une société dont les installations en forêt profonde continuent d’échapper à une évaluation indépendante crédible, peut-elle s’ériger en partenaire de l’État pour surveiller… la biodiversité ? L’ambition affichée de créer une brigade environnementale dans la Ngounié pose également question : qui fixera les priorités ? Et surtout, à qui rendra-t-elle compte ?
Instaurer un nouveau rapport de force
L’efficacité de cet investissement dépendra largement de sa gouvernance, et de sa capacité à produire des données accessibles, vérifiables, opposables. Ce protocole pourrait être saisi comme un levier pour instaurer un nouveau rapport de force. Plutôt que de voir l’initiative comme une simple opération de greenwashing, l’État gabonais a l’opportunité de s’en servir pour exiger un devoir de transparence accru d’Assala. Mais au fond, peut-il se contrôler lui-même? Rien n’est moins sûr.