En 2023, le gouvernement a affiché un résultat budgétaire globalement positif, avec un excédent de plus de 1320 milliards de fcfa. Pourtant, derrière cette apparente performance, la trésorerie publique a révélé un tout autre visage avec un déficit de 516,3 milliards de fcfa sur les opérations de financement et de trésorerie. Ce paradoxe traduit, s’il faille encore le rappeler, une gestion des flux de liquidité extrêmement fragile et qui interroge sur la capacité réelle de l’État à honorer ses engagements en temps voulu.
Cette situation s’explique par un calendrier de décaissements très déséquilibré, dominé par les remboursements de dettes et le poids des engagements financiers. C’est d’ailleurs encore le cas en 2025. L’excédent budgétaire ne s’est pas traduit par une amélioration de la trésorerie, ce qui suggère que les arriérés et les tensions de liquidité persistent. En clair, l’État “épargne” sur le papier mais reste asphyxié dans la pratique lorsqu’il s’agit de faire face à ses échéances.
Le document de cadrage macroéconomique recommande une programmation de caisse plus rigoureuse, appuyée par un Trésor unique (TSA) opérationnel. Cet aspect semble en bonne voie avec l’opérationnalisation du compte unique du trésor (CUT). Ce CUT devrait lisser les pics de décaissements et réduire les à-coups dans le financement courant de l’administration. Même si les résultats de 2023 montrent que cette réforme reste partielle, avec un pilotage du cash encore dépendant des aléas de la dette.
La Banque mondiale, dans sa récente note de conjoncture, insiste d’ailleurs sur la nécessité d’une transparence accrue de la dette publique et sur la réduction des arriérés intérieurs. En l’absence de visibilité sur le profil d’amortissement, les marges dégagées par le budget risquent d’être englouties par les remboursements futurs, créant une spirale de tensions récurrentes. La vraie question est donc de savoir si le gouvernement est capable d’aligner sa politique budgétaire avec une stratégie de gestion de trésorerie crédible.