spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Gabon: entre souveraineté proclamée, dépendance assumée et rêve de croissance… à deux chiffres 

le coup de coeur

La participation du président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema au mini-sommet de Washington suscite plus de questions que d’enthousiasme. Alors que le chef de l’État martèle depuis sa prise de pouvoir sa volonté de « reconquête de la souveraineté économique », sa présence à un sommet à forte tonalité transactionnelle organisé par Donald Trump, fervent défenseur du « deal », interroge sur la cohérence du message.

Le Gabon y a mis en avant ses ressources en pétrole, gaz, et surtout en manganèse, un minerai stratégique. Pourtant, ce plaidoyer pour des partenariats économiques masque mal une réalité : le pays n’a ni stratégie industrielle de transformation locale, ni cadre juridique renforcé pour encadrer les investissements étrangers dans ses filières extractives. La souveraineté proclamée n’a de sens que si elle s’accompagne d’une autonomie décisionnelle sur la chaîne de valeur, ce qui n’est pas le cas.

En mettant l’accent sur les ressources naturelles, la diplomatie gabonaise s’expose au risque d’une recolonisation économique douce, où les termes des échanges restent dictés par les plus puissants. L’intérêt des États-Unis pour le manganèse gabonais, après le cobalt congolais et le lithium malien, s’inscrit dans une logique d’approvisionnement stratégique. Rien ne garantit que ces nouvelles relations aboutissent à un partage équitable de la valeur.

Le discours de Libreville omet surtout un fait majeur : l’économie gabonaise reste contrainte par une forte dépendance aux exportations brutes, une dette extérieure structurelle et une capacité d’investissement public limitée. Sans réformes profondes en matière de gouvernance, de fiscalité minière et de souveraineté technologique, le Gabon risque de demeurer un simple fournisseur de matières premières, tributaire des décisions prises à Washington ou Pékin.

La souveraineté se construit, elle ne se proclame pas. Il ne suffit pas de parler « exploitation des ressources » pour incarner une vision souverainiste. Le Gabon aurait davantage marqué sa différence en exigeant un cadre contractuel équitable, une transparence sur les contrats miniers, et des garanties de transfert de technologies. L’occasion a été manquée. Reste désormais à espérer que les deals conclus à Washington ne se traduiront pas par une nouvelle génération d’accords léonins.

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles