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Gabon : entreprises publiques et caisses sociales, l’autre bombe à retardement du gouvernement 

le coup de coeur

L’amélioration de la gouvernance publique est l’un des piliers du projet de société du président Brice Clotaire Oligui Nguema. Le diagnostic du FMI est sans appel : les entreprises publiques gabonaises évoluent dans un cadre juridique et institutionnel quasi inexistant. Cette situation contribue à une mauvaise allocation des ressources, une absence de résultats mesurables et des risques budgétaires élevés. En clair, ces entités sont devenues des gouffres financiers qui compromettent l’efficacité de l’action publique et aggravent les déséquilibres budgétaires.

D’après le même rapport du FMI, le Gabon comptait 27 entreprises publiques en 2024, dont la majorité ne publient ni états financiers ni rapports d’activité réguliers. D’ailleurs, notre rédaction a écrit plusieurs d’entre elles en 2024, sans obtenir de réponse dans certains cas et sans obtenir de rapports financiers dans d’autres. Le stock d’arriérés de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (Cnamgs) dépasse les 45 milliards de fcfa, tandis que les dettes de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) envers les retraités et prestataires de santé s’élevaient à plus de 90 milliards de fcfa. Cette opacité alimente la défiance des citoyens et des partenaires internationaux, et freine les efforts de rationalisation de la dépense publique.

Trois institutions illustrent particulièrement cette crise de gouvernance : la CNSS, la Cnamgs et le CPPF (Caisse des pensions et des prestations familiales des agents de l’Etat). Toutes accumulent les retards de paiements, les déficits structurels et les faiblesses de gestion. Dans le secteur privé comme public, les pensions sont versées de manière irrégulière, les prestations de santé se dégradent, et les assurés sociaux perdent confiance dans le système. Or ces organismes sont censés garantir la protection sociale des citoyens gabonais, dans un pays où plus de 30 % de la population vit en situation de précarité.

Face à ce constat, le président gabonais devra proposer une réforme d’envergure. Une loi sur la gouvernance des entreprises publiques est annoncée, mais sa portée réelle dépendra de sa mise en œuvre. Il faudra aller au-delà des déclarations de principe pour instaurer une culture de performance, renforcer les mécanismes de contrôle, publier régulièrement les états financiers et sanctionner les dérives. La nomination des dirigeants sur des critères de compétence et non d’appartenance politique ou de soutien politique lors des élections sera également un test majeur de la volonté réformatrice du pouvoir.

À terme, la restauration de la confiance dans les institutions sociales est un enjeu majeur pour la cohésion nationale. Une réforme efficace de ces structures pourrait aussi libérer des ressources budgétaires importantes, jusqu’ici englouties dans des subventions inefficaces. En rendant les entreprises publiques plus performantes et plus transparentes, le Gabon pourra non seulement améliorer ses comptes publics, mais aussi mieux répondre aux attentes de sa population en matière de services de base.

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