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Gabon : et si le « record » fiscal n’était qu’une grosse erreur de prévision ?

le coup de coeur

L’année 2024 a été marquée par une performance budgétaire inédite au Gabon. Avec 1 577 milliards de fcfa collectés par la Direction générale des impôts et la Douane, l’État a dépassé de loin les prévisions établies par la Loi de finances initiale. Une réussite indéniable pour l’administration fiscale et douanière, mais qui soulève une question de fond : si les recettes dépassent aussi largement les prévisions, cela signifie-t-il que les estimations budgétaires sont trop prudentes, voire inadaptées à la réalité économique du pays ?

Un taux de réalisation de 113,31 %

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La Douane a mobilisé 496,29 milliards de fcfa, dépassant les prévisions de 58,29 milliards de fcfa, soit un taux de réalisation de 113,31 %. Du côté des impôts, les recettes fiscales ont atteint 1 080,73 milliards de fcfa, représentant 103 % de l’objectif initialement fixé. Ces écarts interpellent : les prévisions budgétaires sous-estiment-elles systématiquement le potentiel de mobilisation des recettes ? Une telle différence entre les objectifs et les résultats réels pourrait signifier que les hypothèses économiques de départ ne sont pas suffisamment ambitieuses, ou qu’elles ne tiennent pas compte de certaines dynamiques de croissance.

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Si les recettes publiques continuent de dépasser les attentes, ne faudrait-il pas repenser la méthodologie d’estimation des finances publiques ? Une sous-estimation chronique peut fausser les arbitrages budgétaires et limiter la capacité de l’État à planifier des investissements structurants. En anticipant mieux les recettes, le gouvernement pourrait réajuster sa politique de dépenses en faveur des infrastructures, de l’éducation ou encore de la modernisation des services publics. L’autre enjeu est d’éviter une gestion budgétaire trop rigide, où l’État, en tablant sur des prévisions trop basses, se prive de marges de manœuvre dès le départ.

Une surestimation des revenus de l’État

Cependant, une prévision budgétaire plus ambitieuse comporte aussi des risques. L’instabilité des cours des matières premières, la volatilité des marchés et d’éventuels chocs économiques peuvent affecter la collecte des recettes. Une surestimation des revenus de l’État pourrait donc entraîner des déficits en cas de retournement de conjoncture. Comment trouver alors un équilibre entre réalisme et ambition dans l’élaboration du budget national ? L’idéal serait d’adopter une approche plus dynamique, avec des ajustements réguliers en fonction des tendances économiques et des performances de l’administration fiscale et douanière.

En définitive, ces performances exceptionnelles montrent que le potentiel de mobilisation des recettes publiques est plus important qu’estimé. Cela ouvre la voie à une réflexion approfondie sur la manière dont l’État établit ses prévisions budgétaires. Faut-il continuer à jouer la prudence au risque de sous-exploiter les capacités financières du pays, ou revoir les hypothèses pour mieux coller à la réalité économique ? La réponse à cette question sera déterminante pour l’avenir des finances publiques du Gabon.

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