Après avoir cédé ses actifs en Guinée équatoriale en 2024, ExxonMobil semble redéfinir sa présence en Afrique centrale. L’américain, qui concentre désormais ses efforts sur la Guyane et la Namibie, reste néanmoins attentif à l’évolution du bassin côtier gabonais, historiquement l’un de ses premiers périmètres d’exploration en Afrique. Selon plusieurs sources sectorielles, le groupe maintient une cellule technique dédiée à la surveillance des marges atlantiques, où plusieurs blocs libres suscitent un regain d’intérêt.
Le retrait progressif d’ExxonMobil d’Afrique subsaharienne s’explique par la réorientation de ses investissements vers des projets à plus forte rentabilité immédiate. Entre 2019 et 2024, ses dépenses d’exploration sur le continent ont chuté de près de 70%, passant de 2,3 à 0,7 milliard de dollars. Pourtant, la stabilisation politique du Gabon et la mise en place d’un nouveau code des hydrocarbures en 2019 ont repositionné le pays comme un terrain d’opportunité pour les majors à la recherche de gisements offshore profonds à coûts maîtrisés.
Le potentiel économique de son retour au Gabon serait significatif : selon la Direction générale des hydrocarbures, chaque point de croissance de la production pétrolière génère 25 milliards de fcfa supplémentaires de recettes fiscales. Un partenariat sur un bloc offshore profond, estimé à 200 millions de barils, pourrait représenter plus de 3000 emplois directs et indirects pendant la phase d’exploitation.
Mais le groupe américain reste prudent. La volatilité du baril, les tensions fiscales en Afrique de l’Ouest et la montée des exigences locales de contenu gabonais freinent les grandes compagnies. ExxonMobil, qui a été impliqué dans plusieurs différends fiscaux au Nigeria, privilégie désormais des cadres juridiques stables et des engagements gouvernementaux fermes avant tout retour à l’investissement.
La signature de ce partenariat technique annoncé ces derniers jours, confirme ce repositionnement de la major américaine. Libreville qui cherchait à attirer de nouveaux capitaux sans affaiblir la fiscalité pétrolière envoie ainsi un signal fort à ses concurrents notamment la Guinée Équatoriale en concrétisant cet accord avec ExxonMobil, qui pourrait bien devenir un partenaire stratégique dans un secteur en transition vers l’exploitation offshore profonde et la décarbonation progressive.








