La décision d’Air France de réduire ses vols directs entre Libreville et Paris met en lumière un problème récurrent, celui de la cherté des taxes aériennes au Gabon. Dès ce mois d’octobre 2025, la compagnie française ne proposera plus que quatre vols directs hebdomadaires, contre sept auparavant. Trois rotations passeront désormais par Pointe-Noire, une escale imposée qui rallongera le temps de trajet et affaiblira l’attractivité de Libreville.
Officiellement, les autorités gabonaises rejettent la responsabilité sur Air France, accusée de « déclasser » Libreville et de compromettre les ambitions du pays de devenir un hub régional. Le ministre des Affaires étrangères, Michel Régis Onanga Ndiaye, a convoqué la représentante locale de la compagnie, Alexia Oyima Ayenengoye, pour exiger des explications et défendre les intérêts des voyageurs gabonais.
Mais en coulisses, une autre réalité se dessine. Plusieurs sources évoquent le poids des surtaxes imposées aux compagnies opérant sur l’aéroport international Léon Mba. Ces prélèvements, parmi les plus élevés de la sous-région, renchérissent le prix du billet et pèsent lourdement sur la fréquentation. Résultat : les avions affichent des taux de remplissage insuffisants, autour de 120 à 130 passagers pour une capacité de 260 sièges, selon un cadre d’Air France.
« Ce n’est pas une question de pression fiscale mais de rentabilité », tempère toutefois un responsable du transporteur, qui parle d’une réorganisation temporaire. Mais le constat est bien là : le marché gabonais manque d’attractivité face à la concurrence régionale. Des voisins comme Pointe-Noire ou Douala, moins contraints fiscalement, parviennent à capter davantage de trafic.
Pour Libreville, la réduction de la voilure d’Air France est un signal d’alarme. Tant que les surtaxes aériennes resteront dissuasives, les ambitions de hub régional risquent de rester lettre morte. Au delà d’Air France c’est tout un écosystème qui est pénalisé par ces lourdeurs fiscales. On a pu le constater, malgré la quasi gratuité des visas initiée cet été, le Gabon n’a pas su attirer les flux de touristes attendus pour booster le secteur.