La nomination d’Henri-Claude Oyima au poste de ministre de l’Économie, des Finances, des Participations et de la Dette en mai 2025 a suscité une vive controverse au Gabon. Maintenu à la tête de la BGFIBank, qu’il dirige depuis plus de 40 ans, tout en entrant au gouvernement, Oyima a été accusé de conflit d’intérêts. Face à la pression médiatique et politique, il a déclaré sur TV5 Monde le 26 mai dernier : « Je vais quitter la Direction de la Banque dans les prochaines semaines pour permettre donc à cette entreprise d’avoir une nouvelle direction ».
Cette déclaration vise à apaiser les inquiétudes sur la gouvernance et l’indépendance des institutions financières du pays. Henri-Claude Oyima, figure centrale du secteur bancaire gabonais, a bâti la BGFIBank en un groupe régional influent. Sa nomination au gouvernement par le président Brice Clotaire Oligui Nguema a été perçue comme une tentative de mobiliser des compétences issues du secteur privé pour insuffler une dynamique nouvelle à la gestion des affaires économiques du pays. Cependant, le cumul de ses fonctions a soulevé des préoccupations quant à la séparation des pouvoirs et à l’intégrité des institutions financières. Oyima a assuré que son départ de la BGFIBank se fera de manière structurée, en respectant les règles et les équilibres du groupe bancaire.
La réaction d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle de 2025, a été particulièrement critique. Il a déclaré : « L’État gabonais attendra, BGFIBank est prioritaire », soulignant ainsi ce qu’il considère comme une inversion des priorités entre les intérêts publics et privés. Bilie-By-Nze a également dénoncé une situation économique alarmante, avec un taux d’endettement du Gabon devant atteindre 80% du PIB en 2025, dépassant largement le seuil de 70% fixé par la CEMAC.
Dans ce contexte, la promesse d’Oyima de quitter la direction de la BGFIBank est perçue comme une tentative de restaurer la confiance dans les institutions économiques du pays. Il a précisé que le processus de séparation des fonctions est en cours, avec une modification des statuts de la société prévue pour dissocier la présidence du conseil d’administration de la direction générale.