C’est désormais officiel. Ce 29 juillet 2025, la Gabon Oil Company (GOC) a finalisé le rachat de tous les actifs de Tullow Oil au Gabon pour 300 millions de dollars, soit près de 180 milliards de fcfa. Cette transaction intervient alors que le groupe pétrolier cherchait depuis plusieurs mois à se désengager de ses positions au Gabon pour réduire sa dette. Côté gabonais, cette acquisition marque un nouvel effort massif de l’État pour reprendre le contrôle de son secteur pétrolier.
Ce rachat s’inscrit dans une série d’opérations offensives menées par la GOC. Pourtant, il y a à peine quelques semaines, le dossier semblait au point mort. Des fuites relayées par nos soins révélaient que la GOC n’avait pas les fonds nécessaires pour conclure l’opération. Ce qui aurait pu être un revers diplomatique majeur a fini par se transformer en urgence nationale : la transaction a été finalisée dans la précipitation, après avoir mobilisé des moyens supplémentaires pour sauver la face. L’affaire a d’ailleurs été bouclée dans un climat de tension extrême, sur fond de négociations financières discrètes. Le montage financier exact n’a toujours pas été rendu public.
Le périmètre de la vente inclut plusieurs champs offshore stratégiques comme Tchatamba, Simba et Walt Whitman. Ces actifs passent désormais sous l’opérationnalité de Perenco, mais la propriété revient à l’État à travers la GOC. Cette prise de contrôle renforce par la même occasion la mainmise publique sur la production pétrolière nationale, dans la continuité du rachat d’Assala Energy un an plus tôt. À ce rythme, la GOC deviendra d’ici fin 2025 le principal acteur institutionnel de l’amont pétrolier. Reste à savoir si cette puissance acquise se traduira par une rentabilité tangible.
Mais cette nouvelle acquisition alourdit sérieusement la note. Avec les 180 milliards déboursés pour Tullow, le Gabon franchit la barre des 800 milliards de fcfa dépensés en un an pour reprendre la main sur son pétrole. Ce niveau d’engagement financier est inédit. Il pèse déjà lourd sur les équilibres macroéconomiques, alors même que le pays peine à honorer ses dettes internes et affiche des arriérés croissants et l’impact budgétaire est considérable, mais peu assumé publiquement. Aucune ligne spécifique ne figure dans la loi de finances.
L’État mise tout sur la reconquête pétrolière, quitte à s’endetter massivement. Mais à ce stade, aucun bilan détaillé des retombées économiques de ces rachats n’a été communiqué. En l’absence de transparence sur les rendements attendus, le Gabon avance à l’aveugle, sans filet de sécurité. L’exécutif capitalise sur un pari risqué sans document stratégique clair. La crédibilité économique du pays en dépend à moyen terme.