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Gabon: Henri-Claude Oyima, l’homme qui refuse de lâcher le trône de BGFIBank 

le coup de coeur

Depuis plus de 40 ans, Henri-Claude Oyima règne sans partage à la tête de BGFIBank, un empire bancaire clé en Afrique centrale. Pourtant, alors qu’il occupe désormais aussi la fonction de ministre d’État en charge de l’Économie, des Finances, des Participations et de la Dette au Gabon, il refuse toujours de céder son fauteuil de président du groupe. « Je le ferai, sans précipitation, avec méthode », déclarait-t-il encore récemment chez nos confrères d’EcoMatin, ajoutant sans ambages : « plus certains gesticulent, plus je reste immobile ». Ce double jeu, cumulant pouvoir politique et contrôle d’une institution financière majeure, interroge et inquiète.

Dans un contexte où la gouvernance doit se moderniser et s’adapter aux exigences d’un secteur financier en pleine mutation, Oyima semble s’accrocher à ses prérogatives, usant du report légal de l’assemblée générale contestée du 25 juin pour retarder toute transition : « Rien ne peut avancer tant que les textes ne sont pas validés », justifie-t-il. Mais ce verrouillage n’est pas anodin. Il lui permet de garder la main sur les leviers financiers du pays tout en conservant la direction d’un groupe bancaire d’importance stratégique.

Cette concentration des pouvoirs n’est pas sans poser problème dans une économie gabonaise où la séparation claire entre fonctions publiques et intérêts privés est cruciale pour restaurer la confiance des partenaires et investir efficacement. Oyima lui-même le reconnaît sans détour : « Ce groupe, je l’ai bâti avec mon énergie, mon temps, ma rigueur. C’est le fruit d’une vie. » Pourtant, son rôle de ministre impose des responsabilités politiques incompatibles avec la gestion d’un groupe privé dont il reste le principal décideur. Il admet d’ailleurs privilégier « le CDI » que représente BGFIBank, quand la fonction ministérielle est « un CDD ».

D’une part, le risque de conflit d’intérêts latent entre ses responsabilités étatiques et ses intérêts privés pèse de plus en plus lourd, d’autre part, cette situation met un frein à la modernisation et au renouvellement du leadership bancaire, indispensable pour accompagner la relance économique du Gabon. Dans une région où la concurrence s’intensifie et où les attentes des marchés sont élevées, cette immobilité pourrait s’avérer lourde de conséquences.

Henri-Claude Oyima semble avoir fait le choix de cumuler pouvoir politique et pouvoir économique, utilisant la complexité juridique et politique pour reporter un départ qu’il ne souhaite pas encore envisager. « Je privilégie l’histoire et la mémoire », insiste-t-il, oubliant que l’histoire s’écrit aussi dans la capacité à se renouveler. Ce refus de céder la place est donc plus qu’un simple attachement personnel. Cette situation révèle un verrouillage structurel qui pèse sur l’avenir même de BGFIBank et, plus largement, sur celui de l’économie gabonaise.

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