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Gabon : hommes d’affaires, banquier, ministre du ciel et de la terre, Oyima l’omniprésent

le coup de coeur

L’annonce de la mobilisation de 1800 milliards de fcfa auprès d’Afreximbank, saluée comme une bouffée d’oxygène pour le financement des investissements publics, soulève en réalité une interrogation majeure: la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme, Henri-Claude Oyima. PDG tout-puissant du groupe bancaire BGFIBank depuis plus de trois décennies, l’homme est aujourd’hui également Ministre d’État, en charge de l’Économie et des Finances. Une double casquette lourde de symboles, mais surtout porteuse d’un conflit d’intérêts latent.

Il ne faut pas se tromper : lorsqu’un ministre signe des accords de financement de plusieurs milliards avec une institution comme Afreximbank, il n’agit pas seulement comme représentant de l’État, mais aussi comme acteur qui pourrait indirectement servir les intérêts de l’empire bancaire qu’il dirige toujours. Comment garantir la neutralité des choix financiers quand la frontière entre le public et le privé s’efface dans la même personne ? L’image d’un État confondu avec une banque, et d’un ministre-banquier, brouille les lignes de la gouvernance.

Cette omniprésence d’Oyima alimente un malaise croissant que vient d’ailleurs une nouvelle fois de souligner Alain Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre. D’un côté, il supervise les politiques économiques du pays, décide de l’orientation des ressources publiques et signe des accords d’envergure internationale. De l’autre, il préside une institution bancaire qui reste un acteur central dans le financement de l’économie gabonaise et qui, de fait, bénéficie directement ou indirectement de ses choix politiques. Qu’adviendra-t-il si certains projets d’investissements ou d’emprunts trouvent une traduction dans des opérations bancaires liées à BGFI ? La suspicion est inévitable.

Dans une démocratie moderne, le principe de séparation entre l’intérêt public et les affaires privées devrait être une ligne rouge. Or, en se maintenant à la tête de BGFIBank tout en étant ministre de l’Économie, Henri-Claude Oyima brouille volontairement les repères. Cette situation est d’autant plus inquiétante que l’homme ne semble pas pressé de céder son fauteuil de PDG, malgré la lourdeur et l’exigence de ses fonctions ministérielles. Ce cumul démesuré installe une logique de toute-puissance personnelle, plus que de gouvernance transparente.

Au-delà des discours rassurants et des promesses d’infrastructures, cet accord avec Afreximbank révèle donc une vérité inconfortable. L’État gabonais et la première banque du pays paraissent désormais se confondre dans une seule et même personne. Une confusion qui peut fragiliser la confiance des citoyens, ternir l’image des institutions et transformer chaque franc cfa mobilisé en soupçon de favoritisme.

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