Après plusieurs années de difficultés marquées par une flotte vieillissante et une gestion contestée, la Compagnie de Navigation Intérieure Internationale (CNNII) amorce un nouveau départ. Passée sous pavillon burkinabé depuis le 5 février 2025 pour une durée de vingt ans, elle a annoncé, le 7 mars, l’arrivée prochaine d’une flotte modernisée afin de relancer ses opérations. Ce projet vise à pallier les nombreuses défaillances qui avaient conduit à une baisse de fréquentation et à des interruptions répétées du service. L’objectif affiché est clair : proposer un transport plus fiable et abordable sur les axes stratégiques reliant Libreville, Port-Gentil et Lambaréné.
Mais derrière cette initiative, des interrogations subsistent sur la capacité réelle de la compagnie à tenir ses promesses et à restaurer un service stable après des années d’irrégularités. Pendant longtemps, la CNNII a occupé une place centrale dans le transport de passagers et de marchandises, mais son déclin progressif a contraint les opérateurs économiques à chercher des alternatives coûteuses et peu adaptées.
En s’équipant de nouveaux navires, l’entreprise ambitionne de redynamiser le secteur et d’offrir des tarifs plus compétitifs. Toutefois, la réussite de ce projet dépendra de la gestion interne de la compagnie et de la mise en place d’un modèle économique pérenne, deux défis qui ont jusqu’ici entravé son développement. La reprise des dessertes maritimes constitue donc un enjeu majeur pour le commerce et la mobilité au Gabon, où les infrastructures routières restent insuffisantes pour assurer des échanges fluides.
Cependant, cette relance intervient alors que des révélations récentes jettent une ombre sur certains acteurs économiques burkinabè. Quelques jours avant cette annonce de la CNNII, des informations ont éclaté sur les liens entre le groupe Ebomaf et des banques impliquées dans des affaires de détournement de fonds publics au Sénégal. Ce contexte suscite des doutes quant aux sources de financement de certaines entreprises burkinabées opérant dans la sous-région, y compris celles liées au secteur du transport.
Bien qu’Ebomaf ne soit pas directement mentionnée dans ces affaires, son adossement à des capitaux extérieurs soulève des questions sur la transparence de ses investissements et la viabilité financière de son redressement. Si la modernisation de la flotte maritime gabonaise est une nécessité, l’histoire a montré que les promesses de restructuration ne garantissent pas toujours des résultats concrets. Le succès de cette relance dépendra de la capacité de la CNNII à maintenir une offre fiable sur le long terme, sans retomber dans les écueils du passé.