Le gouvernement gabonais a récemment mis en place la contribution foncière unique (CFU), une nouvelle taxe qui vise à financer le développement local et national. Cependant, sans une base solide et une réforme foncière préalable, cette taxe pourrait rencontrer les mêmes écueils que d’autres initiatives fiscales comme la Taxe sur les ordures ménagères (TOM) et la Redevance d’usure de la toute (RUR), qui, malgré des objectifs ambitieux, ont échoué à améliorer de manière significative la vie des Gabonais.
Réalités du terrain
La TOM, instaurée pour financer la collecte et le traitement des déchets, se révèle être un exemple frappant de taxe mal adaptée aux réalités du terrain. Si la taxe est régulièrement perçue à travers les factures d’électricité des Gabonais, les services associés n’ont pas été à la hauteur. En 2024, la TOM devait rapporter 7,4 milliards de fcfa, mais les résultats sont loin d’être satisfaisants. La collecte des ordures reste sporadique et insuffisante, et l’incapacité du gouvernement à moderniser véritablement le secteur des déchets rend cette taxe inefficace. En d’autres termes, la taxe a été introduite sans une réorganisation préalable et sans un suivi efficace, ce qui a conduit à une inefficacité flagrante.
Manque de coordination
Ce même défaut de planification est manifeste dans l’exemple de la Redevance d’usure de la route (RUR). Prélevée pour financer l’entretien des routes nationales, cette taxe, estimée à environ 10,5 milliards de fcfa en 2024, a également échoué à produire des résultats tangibles. Les routes gabonaises, particulièrement dans les zones rurales, continuent de se dégrader rapidement malgré les ressources collectées. Le manque de coordination entre les fonds collectés et les projets d’entretien rend cette taxe tout aussi inefficace que la TOM. L’introduction de nouvelles taxes sans un cadre structuré de gestion mène inévitablement à des gaspillages et des déceptions.
La mise en place de la CFU, dans ce contexte d’échecs fiscaux antérieurs, semble prématurée. En l’absence d’une réforme foncière sérieuse, il est peu probable que la taxe soit appliquée de manière équitable et efficace. Le Gabon fait face à un défi majeur : l’absence de lotissements et une gestion foncière peu structurée, ce qui complique la collecte des taxes et leur affectation à des projets de développement local. La CFU risque de reproduire les erreurs des taxes précédentes si elle est introduite sans réforme préalable du cadastre, de la gestion foncière, et sans un cadre de contrôle strict.
Refonte de la politique foncière
Pour que la CFU puisse avoir un réel impact, il est impératif de commencer par une refonte de la politique foncière gabonaise. Cela inclut une cartographie précise des terres, une identification claire des propriétaires et une régulation stricte des transactions foncières. Sans cette prise en compte, la CFU pourrait simplement devenir une nouvelle taxe mal perçue, augmentant le fardeau fiscal des citoyens sans leur offrir de réelles solutions à leurs problèmes quotidiens. Les échecs passés, comme la TOM et la RUR, doivent servir de leçon pour éviter que cette nouvelle taxe ne suive le même chemin.
La CFU pourrait théoriquement avoir un impact positif si elle était introduite dans un cadre réformé, où les bases foncières sont solides et bien gérées. Les citoyens doivent être assurés que leurs contributions serviront réellement à améliorer leur quotidien. Toute chose qui nécessiterait une gestion transparente et une politique fiscale qui, au lieu de punir les plus faibles, stimule réellement le développement local et renforce la solidarité nationale.