C’est une offensive municipale d’une rare fermeté qui s’est abattue sur le quartier STFO à Libreville. Le 16 juillet 2025, les bulldozers commandités par la mairie ont réduit en poussière une série d’installations anarchiques : garages sauvages, abris de fortune, hangars sur le domaine public. Derrière les gravats, c’est une volonté assumée de restaurer l’ordre urbain que porte Adrien Nguéma Mba, délégué spécial en charge de la commune. « La mairie n’est pas dans la destruction des habitations », prévient-il, mais elle entend faire place nette pour rétablir la salubrité et la sécurité dans la capitale.
Opération ville propre
Cette phase répressive de l’opération « Ville propre » intervient après plusieurs semaines de sensibilisation. La municipalité avait octroyé un délai de 15 jours aux occupants pour dégager les lieux. L’objectif est de libérer l’espace public, fluidifier la circulation et éradiquer les désordres urbains. Du ramassage des ordures à l’évacuation des épaves automobiles, c’est une mécanique bien huilée qui a été mise en œuvre. Une approche que certains comparent déjà à une stratégie militaire : planification, sommation, puis exécution.
Mais cette méthode musclée soulève des interrogations. Sur le terrain, certains riverains dénoncent une opération brutale qui « envoie des pères et mères de familles au chômage ». Derrière chaque garage ou petit commerce démoli, il y avait un gagne-pain, aussi informel soit-il. Le dilemme est donc profond : faut-il tolérer l’anarchie économique sous couvert de survie, ou y mettre un terme au nom de la propreté et de l’ordre public ? La mairie semble avoir tranché, préférant assumer une cure d’autorité.
Stratégie d’occupation et de reconquête de l’espace public
Adrien Nguéma Mba s’appuie également sur un réseau de partenaires et les mairies d’arrondissement pour donner une ampleur nouvelle à cette initiative. Avec le soutien des forces municipales et des délégations techniques, Libreville est quadrillée. Les véhicules évacués seront placés à la fourrière pendant un mois avant d’être vendus aux enchères. Ce n’est pas seulement une politique de nettoyage urbain qui est à l’œuvre, mais une stratégie d’occupation et de reconquête de l’espace public, dans une capitale longtemps livrée à elle-même.
Ce qui se joue à STFO n’est que le début : l’opération « Ville propre » va s’étendre à d’autres quartiers. Et avec elle, la méthode Adrien Nguéma Mba pourrait bien redéfinir la gouvernance municipale à Libreville. Si cette approche parvient à transformer durablement l’espace urbain sans accentuer la précarité sociale, elle pourrait devenir un précédent fort pour d’autres villes du pays.