Alors que le Gabon entame une nouvelle ère institutionnelle sous la Ve République, la réforme de l’administration publique apparaît comme un chantier prioritaire. Lourdeur, inégalités, agents fantômes : l’État doit restaurer son autorité et sa crédibilité à travers une modernisation profonde et durable.
Une réforme vitale pour redonner sens à l’État
Entrée dans une nouvelle ère politique, la Ve République gabonaise place la modernisation administrative au cœur de ses priorités. Face à une fonction publique minée par les lenteurs, l’opacité et les abus, la gouvernance actuelle entend rompre avec les pratiques du passé pour bâtir un État plus efficace, plus équitable et plus proche des citoyens.
Une administration à deux vitesses, source d’inefficacité
Sur le terrain, l’administration gabonaise fonctionne à plusieurs vitesses. Alors que certains ministères disposent de moyens acceptables, une majorité de services — notamment en province — est confrontée à un manque criant d’équipements, d’outils numériques et même de locaux adaptés. Ces déséquilibres engendrent des inégalités d’accès aux services publics, nourrissent la frustration des usagers et affaiblissent la performance globale de l’État. À cela s’ajoutent des conditions de travail précaires pour de nombreux agents, qui contribuent à une démobilisation générale du personnel administratif.
Agents fantômes : un fléau budgétaire
Le phénomène des fonctionnaires « fantômes » illustre à lui seul les dérives de l’appareil administratif. Des milliers d’agents absents mais rémunérés pèsent lourd sur le budget national. Pour y faire face, l’État a mis en place le paiement des salaires par bon de caisse, obligeant chaque agent à se présenter en personne. Cette mesure, bien que rudimentaire, a permis de mettre au jour des irrégularités importantes. Mais elle ne suffit pas. Une réforme en profondeur de la gestion des ressources humaines — notamment la numérisation des fichiers et la transparence des procédures — est indispensable pour enrayer durablement ce gaspillage.
Digitalisation et transparence : la voie de la rupture
Le président Oligui Nguema entend impulser une rupture en inscrivant la digitalisation au cœur de la réforme. L’objectif : rendre l’administration plus fluide, plus accessible, et mieux contrôlée. Des projets pilotes ont été lancés, notamment dans les finances publiques et l’état civil. Mais la réussite dépendra de plusieurs conditions : formation des agents, équipement des services, lutte contre les résistances internes. L’enjeu est double : il s’agit d’améliorer le service rendu aux citoyens, tout en assainissant le fonctionnement interne de l’État.