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Gabon : la nationalisation de la SNBG peine à porter ses fruits

le coup de coeur

Annoncée comme un tournant historique pour la filière bois, la nationalisation de la Société nationale des bois du Gabon (SNBG) n’a pas encore produit les effets escomptés. Placée sous le contrôle direct de l’État depuis 2023, l’entreprise devait symboliser la reprise en main de la chaîne de valeur forestière et garantir une meilleure redistribution des revenus issus de l’exploitation du bois. En 2024, la production forestière a pourtant reculé de 3,6%, freinée par la baisse de la demande en grumes et par des difficultés d’évacuation liées au manque de wagons sur la voie ferrée.

La SNBG devait jouer le rôle de régulateur et de catalyseur industriel, en assurant l’achat, la transformation et la commercialisation du bois gabonais sur les marchés extérieurs. Mais les problèmes structurels persistent avec des outils industriels obsolètes, un manque de financement pour moderniser les scieries et une faible capacité logistique pour acheminer les produits vers les ports. Les opérateurs privés dénoncent une centralisation excessive des décisions et une lourdeur administrative qui ralentit les exportations et fragilise la compétitivité du secteur.

Le gouvernement avait pourtant affiché de grandes ambitions, notamment la montée en puissance de la transformation locale et la création de plus de 5000 emplois directs dans la deuxième et troisième transformation. Un an plus tard, les résultats restent mitigés et seuls quelques ateliers de placage et de contreplaqué ont redémarré, tandis que les exportations de produits semi-finis stagnent. L’absence d’un modèle économique viable pour la SNBG, combinée à un financement public limité, compromet pour l’instant la réussite du projet.

Les perspectives pour 2025 restent néanmoins ouvertes. Le ministère des Eaux et Forêts prévoit une hausse de 1,4% de la production forestière grâce à l’exploitation de nouvelles zones et à la relance des exportations vers l’Asie. La mise en œuvre du plan de traçabilité numérique du bois et la révision du Code forestier devraient, à terme, renforcer la transparence et attirer de nouveaux partenaires. Mais sans réforme de gouvernance et sans autonomie financière réelle, la SNBG risque de reproduire les dérives des anciennes entreprises publiques, entre sous-performance et déficit chronique.

La nationalisation du bois devait incarner la souveraineté économique et la valorisation locale des ressources. Elle n’aura de sens que si l’État parvient à conjuguer rigueur de gestion et ouverture au secteur privé, afin de transformer un patrimoine naturel abondant en richesse durable. En attendant, la filière forestière, qui représente près de 5 % du PIB, reste à la croisée des chemins entre ambition politique et réalité économique.

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