La passation des marchés publics représente un pilier stratégique pour l’investissement public dont le montant prévu en 2025 se chiffre à près de 600 milliards de fcfa. Elle l’est donc particulièrement dans un pays comme le Gabon, où l’État joue un rôle central dans le développement économique. Cependant, ce processus est entaché de nombreuses faiblesses, entraînant des coûts élevés et des inefficacités qui freinent les ambitions du pays. Récemment l’affaire Karpowership qui défraie la chronique et le potentiel monopole d’Ebomaf, a rappelé l’urgence d’une réforme en profondeur.
Le recours abusif aux procédures de gré à gré reste l’un des problèmes majeurs. Bien que cette méthode puisse être utilisée dans des situations d’urgence, elle est devenue un outil commun, souvent au détriment de la transparence et de la concurrence.
En 2024, le score du Gabon dans le domaine de la passation des marchés publics a été jugé insatisfaisant par des rapports internationaux notamment l’index Mo Ibrahim qui place le Gabon dans les profondeurs de son classement, mettant en lumière des pratiques opaques et une faible responsabilisation. Ces irrégularités augmentent considérablement les coûts des projets publics.
Des impacts négatifs en aval
Plusieurs contrats sont attribués à des entreprises qui n’ont pas les capacités techniques ou financières pour livrer des projets dans les délais impartis, entraînant des dépassements de coûts ou des échecs complets. C’est encore le cas durant cette période de transition.
“Cette situation alourdit le budget de l’État avec plus de 250 milliards de fcfa de marché en gré à gré en 2023.”
Cette situation alourdit non seulement le budget de l’État avec plus de 250 milliards de fcfa de marché en gré à gré en 2023, mais nuit également à la crédibilité des institutions publiques. L’impact des faiblesses de la passation des marchés ne s’arrête pas aux pertes financières directes. Ces pratiques compromettent également la qualité des infrastructures et services publics, retardent les grands projets et freinent le développement de secteurs clés comme l’éducation, la santé ou les transports.
De la nécessité de répondre de manière urgente
Pis, les citoyens en subissent les conséquences, avec des infrastructures incomplètes ou de faible qualité et une perception accrue de l’inefficacité de l’administration publique. En outre, ces failles découragent les investisseurs étrangers, qui exigent des garanties de transparence et de fiabilité avant de s’engager dans des partenariats publics-privés ou d’investir dans des projets de développement. Pour répondre à ces défis, le Gabon doit réformer en profondeur son système de passation des marchés. Le renforcement des institutions chargées du contrôle des marchés, telles que les commissions d’audit est un préalable.
L’introduction d’outils numériques pour assurer une transparence accrue et permettre un suivi en temps réel des projets en est un autre. Ces réformes ne sont pas seulement nécessaires pour rationaliser les dépenses publiques, elles sont aussi cruciales pour attirer des financements internationaux et stimuler le développement économique.
À l’heure où l’État gabonais s’efforce de diversifier son économie et de lancer des projets d’envergure, la réforme de la passation des marchés publics doit devenir une priorité. L’absence de transparence et les faiblesses institutionnelles pourraient compromettre les ambitions de relance économique et de développement durable. Adopter de bonnes pratiques dans ce domaine serait un signal fort envoyé aux partenaires financiers et aux citoyens, prouvant que le Gabon est engagé dans une gouvernance moderne et efficace.