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Gabon : la Vice-présidence se structure, la masse salariale s’alourdit

le coup de coeur

Annoncée ce vendredi 20 juin au terme du conseil des ministres, comme un levier de modernisation de l’État et d’efficacité institutionnelle, l’organisation du Cabinet du Vice-président de la République, telle que fixée par le nouveau projet de décret pris en application de l’article 95 de la Constitution, suscite des interrogations de fond. Derrière le vernis républicain et le souci de structuration, cette mesure risque d’accentuer une dynamique problématique : l’inflation du personnel politique et la charge croissante de la masse salariale de l’État, dans un contexte de pression budgétaire déjà aiguë.

La composition annoncée du Cabinet incluant un directeur de cabinet, des conseillers spéciaux, des attachés, des chargés de mission, ainsi que du personnel administratif, logistique et de sécurité, reproduit un schéma bien connu dans les hautes sphères de l’administration gabonaise. Or, cette logique de duplication des structures, déjà pointée dans d’autres institutions, entretient une mécanique budgétivore, où chaque autorité nouvellement promue engendre un écosystème administratif coûteux, souvent peu productif.

Cette décision intervient paradoxalement au moment où le même gouvernement appelle à la rigueur, à la rationalisation des dépenses publiques, et à la suspension des exonérations fiscales. Difficile, dès lors, de ne pas percevoir un double discours : comment appeler les ministères à réduire les coûts de fonctionnement tout en créant de nouveaux centres de dépense pérennes au sommet de l’État ? Ce choix pourrait fragiliser la cohérence globale de l’action gouvernementale.

Plus profondément, cette posture témoigne d’un État qui peine encore à faire le tri entre ce qui relève de la solennité institutionnelle et ce qui sert réellement l’efficience publique. Plutôt que d’alléger la machinerie étatique, on continue de la densifier, au risque de ralentir la prise de décision, de multiplier les doublons de compétence et d’entretenir des clientélismes masqués sous le couvert de « fonctions de soutien ».

À l’heure où les finances publiques exigent sobriété, responsabilité et exemplarité, la création d’un cabinet vice-présidentiel aussi étoffé apparaît comme un signal contradictoire. Si la réforme de l’État est bien une priorité, elle ne saurait se traduire par un empilement d’instances et de fonctions supplémentaires, mais plutôt par une refonte des structures existantes, avec des objectifs clairs, des résultats mesurables et un strict contrôle des coûts.

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