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Gabon : dix conseillers, deux chauffeurs… quand l’exécutif chouchoute ses ministres 

le coup de coeur

Le conseil des ministres de ce vendredi 20 juin, a accouché d’un certain type de décisions qui peuvent laisser perplexe. Par exemple, le projet de décret fixant la composition des Cabinets ministériels, bien qu’annoncé sous le sceau de la rationalisation, révèle surtout la persistance d’une culture de l’extension administrative. En établissant des équipes calibrées selon le rang protocolaire, avec jusqu’à dix conseillers pour un ministre d’État, ce texte entérine un modèle lourd, centralisé, et peu compatible avec l’exigence d’un État sobre et efficient.

Alors que les discours officiels appellent à une discipline budgétaire exemplaire, ce décret semble poursuivre une logique inverse : institutionnaliser des Cabinets pléthoriques, qui alourdissent les dépenses de personnel et d’équipement. Chaque conseiller, chaque chargé de mission, chaque secrétaire représente une ligne de dépense récurrente dans un budget déjà hypertrophié par le fonctionnement.

Le Gabon fait face à une équation budgétaire difficile : une masse salariale publique qui absorbe près de la moitié des recettes non pétrolières, des besoins en infrastructures criants, et un appel permanent à l’endettement. Dans ce contexte, aligner la composition des cabinets sur le protocole plutôt que sur la performance interroge. Pourquoi un ministre aurait-il besoin de neuf conseillers alors qu’un audit stratégique ou une direction technique efficace pourrait faire mieux avec moins ?

Le cas particulier des ministres de la Défense et de l’Intérieur, bénéficiant d’un cabinet civil doublé d’un cabinet militaire ou sécuritaire, illustre une dérive fonctionnelle persistante à savoir: la spécialisation devient prétexte à la démultiplication des entités, sans réelle optimisation. Or, cette complexification contribue à diluer les responsabilités, à retarder les décisions, et à accroître les risques de conflits de compétence.

Si l’objectif est réellement de renforcer la cohérence et la performance gouvernementale, une autre approche est nécessaire : limitation stricte des effectifs, fusion des fonctions redondantes, mutualisation des compétences, et évaluation régulière des résultats. Sans cela, ce décret risque d’inscrire dans le marbre les travers d’une gouvernance coûteuse et peu agile. Le Gabon n’a pourtant pas besoin de cabinets plus grands, mais plutôt d’un gouvernement plus efficace.

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