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Gabon : l’actionnariat de la centrale d’achat pose déjà question

le coup de coeur

La création de la Centrale d’Achat du Gabon (CEAG), adoptée en Conseil des ministres le 12 août 2025, se veut une réponse pragmatique à la flambée des prix et aux pratiques spéculatives. Mais avant même son entrée en activité, l’actionnariat de cette société d’économie mixte, détenue à 37% par l’État et à 63% par les opérateurs privés nationaux, soulève des interrogations.

Dans un pays où l’administration est régulièrement accusée de corruption et où la gestion publique reste fortement politisée, ce montage hybride pourrait bien devenir une variable d’ajustement. Sur le papier, l’équilibre semble pourtant judicieux. L’État conserve une minorité de blocage et s’assure la maîtrise de l’orientation stratégique, tandis que les acteurs privés apportent leur expertise logistique et commerciale. Cette alliance public-privé doit permettre de mutualiser les volumes, négocier à meilleur prix avec les fournisseurs internationaux et stabiliser les tarifs de la cinquantaine de produits essentiels.

Dans les faits, le risque est que la part de l’État devienne un instrument politique. Le pouvoir pourrait utiliser sa position pour placer des administrateurs proches du régime, imposer des orientations motivées par des considérations électorales plutôt qu’économiques, et détourner les mécanismes de régulation à des fins clientélistes. La politisation chronique de l’administration gabonaise nourrit la crainte que la CEAG ne devienne qu’une nouvelle « caisse noire » dissimulée derrière des objectifs sociaux.

L’autre interrogation porte sur la part privée (63%). Si elle devait être répartie entre un cercle restreint d’importateurs et de distributeurs déjà dominants a savoir : Carrefour-Prix Import, Ceca-Gadis, ou encore Casino-Mbolo, le risque de capture de l’outil par un oligopole est réel. Dans ce scénario, la CEAG ne ferait qu’institutionnaliser la position dominante de quelques acteurs, sans générer la transparence ni la baisse de prix espérée.

Dans un environnement où la corruption reste endémique, la gestion de la CEAG pourrait aussi être plombée par des conflits d’intérêts allant de surfacturation des importations, au favoritisme dans l’attribution des contrats logistiques, en passant par des détournement des stocks, ou encore des pressions politiques sur la fixation des prix. Les exemples passés d’entreprises publiques ou parapubliques mal gérées alimentent un scepticisme légitime.

Pour convaincre, la nouvelle centrale devra faire la preuve d’une gouvernance irréprochable. Transparence des appels d’offres, publication régulière des comptes, contrôle indépendant des flux financiers et implication réelle de la société civile seront indispensables pour crédibiliser l’actionnariat mixte. Faute de quoi, le projet risque de se heurter au même mur que de nombreuses réformes antérieures. 

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