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Gabon : l’affaire HPO révélatrice de tensions au sommet de l’État ?

le coup de coeur

L’affaire Hervé Patrick Opiangah (HPO) marque un tournant dans la transition politique au Gabon et suscite des interrogations sur l’existence de tensions au sommet de l’État. En tant qu’acteur clé de la chute d’Ali Bongo, HPO a joué un rôle crucial dans la mise en place des institutions de transition. François Ndong Obiang, vice-président de l’Assemblée nationale de Transition, avait lui-même reconnu son apport en soulignant que HPO avait été «un acteur important dans la mise en relation entre le CTRI et Alternance 2023». En outre, son passage au premier gouvernement de transition, où il a présenté avec sérieux le budget de son ancien ministère (les Mines) devant la commission des finances, a consolidé son image d’homme de confiance du régime en place. Pourtant, ce positionnement privilégié ne l’a pas empêché de prendre ses distances lorsque des divergences fondamentales ont émergé.

Le point de rupture semble être le projet de réforme constitutionnelle soumis à référendum le 16 novembre dernier, selon certains observateurs de la vie politique gabonaise. Pour rappel, HPO s’est opposé fermement à ce texte qu’il considère comme une menace pour les fondements démocratiques du pays.

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Lors d’un discours mobilisateur, il a appelé ses partisans à le rejeter, n’hésitant pas à interpeller publiquement le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, quelques jours avant le vote référendaire : «Excellence Monsieur le Président de la Transition, Mon Général, ce n’est pas ce qu’on s’est dit». Ce rappel, lourd de sous-entendus, illustre un désaccord profond sur la direction prise par la transition. Pour un homme qui a soutenu activement la chute du régime précédent, cette prise de position marque une fracture symbolique et alimente les soupçons d’un début de dissension au sommet de l’État.

Convocation de HPO à la PJ

La convocation de HPO à la Direction des Affaires Criminelles (Police judiciaire), survenue peu après son appel à rejeter le projet constitutionnel, renforce ces spéculations. Certains y voient une tentative de “museler une figure politique influente devenue gênante”. Cette action survient dans un contexte où le président de la transition a appelé à l’apaisement, tandis que les tensions politiques et sociales continuent de diviser le pays. En convoquant un acteur aussi central de la transition, les autorités donnent l’impression de vouloir réduire au silence une opposition interne grandissante, ce qui pourrait affaiblir la cohésion déjà fragile du régime de transition.

Risque de fractures

L’histoire des transitions politiques en Afrique offre des parallèles instructifs. Au Soudan, après la chute d’Omar El-Béchir, les divergences entre les factions civiles et militaires du gouvernement de transition ont progressivement dégénéré en conflit ouvert. Ces tensions, alimentées par des rivalités de pouvoir et des désaccords sur l’orientation politique du pays, ont plongé le Soudan dans une crise prolongée. Le Gabon, bien que dans une situation différente, pourrait voir des fractures similaires apparaître si les désaccords internes ne sont pas gérés avec tact et transparence. Le risque est particulièrement élevé dans un contexte où la confiance de la population reste fragile et où les attentes en matière de changement démocratique sont immenses. 

Un climat de confiance

Toute erreur de gestion pourrait alimenter un climat de méfiance et exacerber les divisions internes, compromettant les bases mêmes d’une transition apaisée. L’affaire HPO révèle des fissures potentielles dans un processus de transition qui se voulait inclusif et apaisé. Si ces tensions ne sont pas maîtrisées, elles pourraient compromettre les avancées réalisées depuis la chute d’Ali Bongo. La nécessité pour le CTRI de privilégier le dialogue et d’éviter une gestion perçue comme autoritaire est cruciale. Une approche inclusive, associée à une communication transparente sur les objectifs et les choix stratégiques, serait essentielle pour renforcer la cohésion et la stabilité. À défaut, le pays pourrait entrer dans une période de fragilité institutionnelle. 

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